Je vis encore sur l’espoir (et peut-être l’illusion) d’une république citoyenne, dans laquelle, dès qu’il est question de politique, chacun n’a pas à être mystifié par de la pub ou berné par de la démagogie, mais convaincu par des arguments. Certes, le politique doit faire vibrer l’émotion, mais aussi parler à la raison.
Certes encore, il vaut mieux une campagne électorale réussie, apportant aussi une part de rêve et d’espoir qu’une autre, ratée comme celle de L. Jospin en 2002. Mais, à mon avis, les voix supplémentaires gagnées par une campagne électorale proprement dite sont des voix fugaces, séduites par du verbe verbeux et de l’image mise en scène et donc aussi promptes à se retourner qu’elles n’avaient été faciles à séduire. Abandonnés sans médiation militante de proximité face à TF1, les couches populaires, qui payent cher la mondialisation libérale depuis maintenant bientôt 20 ans, se laisseront encore berner par des insanités mensongères du type “Travailler plus pour gagner plus”. Alors, certes, on peut essayer de faire aussi bien avec des formules créées par des “communiquants”, “de gauche” cette fois, mais j’ai de sérieux doutes…
En France, une campagne électorale moderne, avec ses messages courts, ses petites phrases et, actuellement, ses meetings à la Nuremberg, sert à conquérir le pouvoir, pas à élever la conscience citoyenne. En témoigne l’invraisemblable quantité de mensonges et de promesses mis en scènes qui ne seront pas tenus, notamment, dernières en date, celles de MM. Chirac, Sarkozy ou Berlusconi. Et, au delà de ce qu’elle symbolise, nous verrons ce qu’il en restera de la campagne de B. Obama qui, caractéristique des médias américains, a heureusement dépassé les petites phrases.
Réduire l’action politique à de la “com” et vendre des candidats comme des savonnettes m’afflige, réduire ceux qui, en principe portent les valeurs de la gauche à des “marques” m’indigne et je ne vois rien, dans ce que j’ai entendu samedi qui me pousse à revenir dans ce que semble devenir le PS.
Je ne me sens pas de ce monde-là. Soit parce que je suis devenu sénile et coupé des “réalités”, soit parce que j’ai toujours milité pour des valeurs et n’entend pas me transformer en groupie d’un homme ou d’une femme providentiels. Je ne me résoud pas à jouer au militant responsable dans la “société du spectacle”.
Je rajoute que, dans ce schéma, le “parti” ne sert plus à rien en dehors des votes d’investitures. Le militant non plus, hors la claque dans des meetings savamment mis en scène, la distribution de quelques tracts et le collage des affiches quelques semaines avant l’élection. La seule chose qui importe est d’être élu…
La réaction actuelle de la jeunesse grecque montre la seule issue qui reste (et qui ne me plaît guère même si elle me fait un tantinet plaisir) à des partis englués dans des combinaisons, de la stratégie médiatique, en quête du sauveur suprême et coupés du peuple et de sa jeunesse. Craignons que cela n’arrive bientôt chez nous avec une droite qui, contrôlant les médias encore davantage que sous l’ORTF, saura ressusciter le “parti de la peur”.
Je rajoute qu’heureusement, la campagne sur le référendum européen a montré que, quelquefois, les peuples ont des sursauts et qu’on ne leur vend pas toujours des marchandises avariées à grand coups de pub.
J’ai senti qu’à la fin de la discussion, mes hôtes m’avaient définitivement rangé, gentiment car nous sommes amis, dans la catégorie des rêveurs ringards indécrottables. Mon rangement, en ce qui les concerne, quoique différent, n’est guère plus indulgent.
- Ah que la justice est belle: “Un arbre se jette sur la voiture du sous-préfet alcoolisé de l’Ariège”. LibéToulouse.
- “Savez-vous que sur les grandes chaînes privées comme TF1 et M6 le président de la République a vu son temps de parole augmenter de 250 % ? Tout le système médiatique est en train de dériver dans une sorte de prise de contrôle par le pouvoir. On le voit bien avec la réforme de l’audiovisuel public : il est en train de se construire une machine propagandiste qui prépare la réélection de Sarkozy en 2012″. A. Montebourg sur Le Monde.
- Foie gras, sur le blog “24 heures philo“. Si vous avez encore faim après…
- Madoff, l’homme des “placements de haute éthique” et le détournement de 50 milliards de $… Et dire que le Medef et les libéraux ne veulent surtout pas d’une régulation des manipulations financières.
- “Mieux vaut mourir le soir que le matin parce qu’on en apprend tous les jours”. Sur le blog de Léo Némo.
- La Grèce hanterait-elle le sommeil de nos gouvernants ? Coup sur coup, deux reculs significatifs: celui de Darcos sur la “réforme” des lycées et de Copé sur le travail du dimanche.
Enfin, juste pour le plaisir. Avec toute mon estime au journaliste irakien, et dommage qu’il l’ait raté.