La grande messe du bourrin

Il est temps que je vous raconte mon calvaire. Celui que RDG m’a fait subir dimanche. Une lubie étrange. Elle a voulu m’amener à la messe. Au parc des expositions. J’ai trouvé ça bizarre. Mais c’est vrai que je ne connais pas bien sa nouvelle religion. Sa secte devrai- je dire puisque tout son temps libre, elle le passe avec son nouveau Dieu, ou sa bande d’adeptes. Sans parler de tout l’argent qu’elle y passe. C’est même plus une religion, d’ailleurs, c’est une secte.
Bref, comme j’aime RDG, je la suis partout, mais je ne suis pas prêt à partager sa folie, fort heureusement, ce qui me permet de vous relater les moments forts de notre vie de manière objective.
La grande messe se tient dans une immense église à côté de laquelle la basilique Saint Pie X de Lourdes fait office de coquette chapelle rurale. Une foule immense se presse attendant que le rideau de fer permette à nos corps avides de spiritualité de pénétrer.
A l’intérieur, tout n’est que cuir, clous argentés et onguents miraculeux ; Une religion de l’accessoire. Il y a visiblement plusieurs divinités, et toutes sont liées.
Et là, au détour d’une allée, nous rencontrons la grande prêtresse, accompagnée du grand prêtre. Ils nous font l’honneur de nous faire visiter le temple et tous ses recoins. Au bout de seulement 5 heures, abside, transept, autel et sacristie n’auront plus de secret pour nous.
Le grand prêtre me fit même visiter la crypte à l’étage en dessous, où sont parquées les divinités animales. Mais personne n’est venu pour elles, et il y a beaucoup moins de monde à cet étage là.
Non, les vrais miracles sont en haut. Il faut voir toutes les mystiques se pâmer à la limite de l’extase devant de drôles de lanières de toute sorte, ou entrer en pâmoison dès qu’elles posent leurs fesses sur de drôles de fauteuils en cuir assez étroits. D’ailleurs la grande prêtresse nous montre l’exemple en recherchant la transe sur plusieurs de ces fauteuils, avant de jeter son dévolu sur l’un d’entre eux. Le grand prêtre approuve son choix à demi-mot, tandis que RDG tente de ramener la grande prêtresse à la raison. Mais rien n’y fait. Une fois en transe, personne ne peut lutter contre l’appel du Dieu.
Et au moment de repartir, alors que je nous crois enfin tirés d’affaire, que RDG s’est encombré de quelques sangles indispensables, la grande prêtresse qui décidément est en forme, veut encore tenter la transe du fauteuil. Le grand prêtre n’est pas d’accord cette fois, et je me réjoui que cette secte soit dirigé par quelqu’un d’un peu raisonnable. Mais à ce moment là, je vois ma petite RDG s’approcher, imperceptiblement de l’objet et le toucher, le caresser, le retourner. Je vois dans son regard quelque chose de lubrique, un grand désir. Aïe, et moi qui croyait qu’on était à l’abri, sachant qu’elle avait déjà un de ces objets. Rien à faire, RDG a le regard englué par l’objet. Il émet des ondes adhésives. Je lis dans le regard de la grande prêtresse la victoire. Elle est fière d’avoir conquis une nouvelle fidèle.
Bon, ils n’ont pas l’air bien méchant dans cette secte, encore que, j’ai l’impression qu’il y a deux ou trois catégories d’intégristes qu’il vaut mieux éviter. Une peu comme chez les catho ou les musulmans ; Les pro-ceci les anti-cela. Certains peuvent être violents. Il y en a toujours pour croire qu’ils détiennent la vérité, mais ça, on ne pourra pas le changer.