24 mois, c'est la durée de la période d'essai que Dominique de Villepin avait offerte, sans consulter personne (ni partenaires sociaux, ni politiques), aux dirigeants des petites entreprises pour licencier sans motif grâce au CNE. C'est ainsi que courageusement au coeur de l'été, le 4 août 2005, l'ancien Premier ministre créait par ordonnance (histoire sans doute de ne pas même consulter ces "connards" de parlementaires UMP comme il aimait à les qualifier...) le CNE qui devait être la martingale contre le chômage (et sa fusée de lancement vers l'Elysée).
24 mois plus tard les résultats parlent d'eux-mêmes : Nicolas Sarkozy est président de la République et le CNE est en état de quasi mort clinique. En effet, selon les derniers chiffres de la DARES, au deuxième trimestre 2007, alors que les intentions d'embauche augmentaient de 7,8%, le nombre de CNE plongeait de 13,2% !!! Sans doute les Français, y compris les employeurs, n'ont pas bien compris le génie de Dominique de Villlepin... Ou alors connaissent-ils un minimum le droit du travail, à l'image de l'UPA, que l'on ne peut pas taxer d'opposition à la droite en général et à l'UMP en particulier, qui met en avant "l'insécurité juridique autour du contrat" pour expliquer ses réticences de plus en plus fortes à l'utiliser. Il faut dire qu'en dépit des instructions du gouvernement de l'époque aux préfets pour les inciter à faire appel de chaque décisions prud'hommales défavorables, les revers judiciaires s'accumulent pour le CNE. Tous les artifices juridiques ayant été démontés par les cours d'appel, notamment celle de Paris qui a reconnu que le contrat n'est rien de moins que contraire à la Convention de l'OIT (!!!), le CNE est, pour reprendre l'expression une fois n'est pas coutume très drôle de FO, "en train de mourir dans d'affreuses souffrances judiciaires". Pire, même l'actuel gouvernement ne viendra pas en aide à ce grand malade en phase terminale, puisque Xavier Bertrand a d'ores et déjà prévenu que l'éventuel contrat unique envisagé par Nicolas Sarkozy "ne sera pas le prolongement du CNE". Si ce n'est pas un enterrement sans fleur ni couronne, cela y ressemble. Bref, le CNE s'apprête à rejoindre dans la fosse commune des fausses bonnes idées dogmatiques son petit frère mort-né, le CPE, également oeuvre de Dominique de Villepin...
Décidément, le bilan du passage de Dominique de Villepin à Matignon s'avère chaque jour un peu plus pitoyable : ses deux contrats de travail qui devaient sauver la France du chômage se révèlent des échecs hors norme (l'un des deux n'a même jamais été appliqué sur ordre de... Jacques Chirac qui l'avait pourtant promulgué), sans oublier son implication dans l'affaire Clearstream qui le fait plus ressembler à un pied-nickelé qu'à Bonaparte (en attendant que la justice ne le qualifie officiellement de délinquant).