...je descends sur le bon quai cette fois ; la condensation sur la vitre grésille sous les lumières de la nuit ; le MP3 traverse
Forward and reverse de Bang Gang et
Keren Ann ou bien l'inverse ; dans mes rêves où je me crashe, c'est vrai, je ne vois jamais la gueule de la voiture, simplement de l'intérieur, mais c'est peut-être bien toujours la même ; au passage du train par dessus l'autoroute, il chante dans ma tête (et aussi sur l'écran du MP3 turquoise) que
always crashing in the same car ; je vois dehors le ciel tomber, les yeux trop secs de n'avoir pas les bons verres ; le type d'à côté écrit
au fait t'es qui ? sur son téléphone portable ; du coup c'est comme si je relisais le même livre deux fois de suite mais c'est peut-être une excuse pour simplement ne pas en sortir ; l'impression aussi de reprendre le même jeu depuis le début, en
new game + cette fois, en ayant conservé tous mes objets, compétences et inventaire de la partie précédente ; l'impression d'avoir mal lu les consignes et d'avoir traité les deux sujets à la suite sans comprendre que c'était
au choix ; je me rends compte que j'ai mal compris le mode d'emploi de
Marelle, il fallait
choisir entre les deux possibilités (lecture dans l'ordre ou dans le
désordre) et non les enchaîner l'une à l'autre ; je monte dans le train, il est 16h37 précisément, même si le quai habituel n'est pas le bon ; j'écoute discrètement les confidences de mon chef pour les mois à venir mais ce ne sont que des bulles d'hypothèses en suspension ; mon ordinateur refuse de me laisser aller sur d'autres sites que celui pour lequel je travaille : tant pis pour
Google ; la joie de devoir dialoguer avec une espagnole en anglais sur le chat, de régler un problème de commande par téléphone, tout en vérifiant la commande en question sur un logiciel qui plante, et le reste de mon internet explorer également (tout ça en même temps) ; un coup d'œil en sortant de l'escalator et la lune a coulé dans le ciel plus clair ; ces quelques minutes d'attente en plus font qu'en plus j'arrive en retard de quelques minutes ; pendant que la carcasse du wagon se refroidit dehors et se réchauffe dedans, une dame crache dans son téléphone qu'
il n'en est pas question, tu ne rentres pas à la maison, et c'est qui qui bloque d'abord ? je m'en fous, tu ne rentres pas, tu te débrouilles pour aller en cours et tant pis si ça te prends une heure pour traverser les barrages ; train qui reste immobile sur la voie pendant un quart d'heure en tout,
peut-être un suicidé devant nous mais j'en doute ; la lumière de la lune brille fort à la verticale du reste ; mon train habituel remplacé par un autre à l'acronyme peu reluisant, il me faut pourtant m'y enfoncer sans y réfléchir plus en détail, puis reprendre à zéro ma lecture de
Marelle : je dois m'en aller
de tous les côtés comme il dit...