Ne soyons pas de mauvaise foi : L'Oeil Du Mal est loin d'être un ratage. Mieux, il s'agit d'un honnête petit thriller high-tech rouleau compresseur, bien emballé, bien joué et ultra dopé qui fait passer deux heures sur orbite grâce à un habile sens du timing et du rebondissement. Un an après le moyen Paranoïak, Caruso revient avec son poulain Shia La Beouf dans une intrigue musclée mais aux résonnances "visionnaires" d'un futur contrôlé par la technologie. De là découle le premier soucis du film : si Caruso a le sens de l'espace et de l'action tel un Tony Scott à ses débuts, il en oublie de creuser à fond la profondeur de son matériel originel pour en faire un divertissement "écervelé" en lieu et place d'un polar explosif et ingénieux. Second problème : les invraisemblances engendrées par son intrigue. En voulant causer tracas multiples à ses deux personnages principaux, Caruso ômet complètement de tilter sur la nécessité d'une logique dans ses événements de "manipulation" si bien que quelques twists restent incompris. Enfin, troisième petit détail qui peine... le dénouement "happy ending" un brin trop vite expédié et qui avec une petite touche de pessimisme aurait pu mieux clore cette grande mascarade. Alors oui mais pourquoi tenir en éveil sans râler devant L'Oeil Du Mal ? Et bien parceque si DJ Caruso n'aime pas trop se prendre la tête avec ses neurones il n'en demeure pas moins un très bon esthète et surtout un entertainer de choix qui prend le temps de nous faire aimer ses personnages en 115 minutes, tout en dopant un récit "stylé en surface" afin de le transformer en machine de guerre. A l'image d'Aria, l'ordinateur principal du film, Caruso s'amuse à jongler avec ses acteurs, ses cascades, ses rebondissements et bien entendu avec le spectateur. En multipliant les séquences d'action et de destructions massives, le réalisateur s'en donne à coeur joie et permet au film de s'enflammer via une devanture de choc. Dans la peau du héros pris malgré lui dans un tourbillon de "complot", Shia La Beouf s'expose pour la première fois dans un rôle plus adulte et frôlant la nonchalance d'une matûrité certaine. Un joli petit plaisir de la part du jeune comédien tandis que Michelle Monaghan nous fait toujours autant craquer via ce personnage de mère courage et risque tout, au-delà de la simple femme fatale. En guise seconds rôle saiguisés, Rosario Dawson en femme de terrain sait prendre de l'ampleur au moment voulu, Michael Chiklis, tout juste revenu de l'enfer de The Shield nous propose un poste de Ministre de la Défense à mille lieues de ce qu'on connaissait de lui : loin d'être mémorable mais sympathiquement délicieux tandis que Billy Bob Thornton assure comme toujours dans la peau du flic tenace prêt à tout pour faire tomber le héros compromis malgré lui. Au final, L'Oeil Du Mal carbure à 200% action non sans négliger une certaine tenue dans le complot "machine contre l'Humanité" mais oublie complètement de creuser le sillon ainsi que d'entretenir une certaine logique dans la succession d'événements. Dommage mais agréable. Sans plus ni moins. Salton Sea est et restera donc sans aucun doute LE miracle inégalé de DJ Caruso...
Pourquoi y aller ?
Pour l'introduction et la première partie du film assez épatantes. Pour l'ensemble des comédiens dont Shia La Beouf pour la première fois "adulte" et tout en "relief". Pour la bouille de Chiklis sur grand écran en contre emploi total.