La version PC du nouvel épisode de Prince of Persia est garantie sans DRM. Téléchargé à partir de la plateforme Steam, le jeu garde néanmoins son système de protection.
Test à grande échelle, cette initiative est une manière d’éprouver la bonne foi des joueurs de PC, qui devront faire un choix clair entre copie payante et Bit Torrent. C’est en tout cas selon ces termes du community manager d’Ubisoft décrit l’expérience. “De nombreuses personnes prétendent que les DRM constituent la raison du principale du piratage. Mais étant donné que PoP PC n’en a pas, nous verrons à quel point les gens sont sincères. Pas beaucoup, je pense”, lance Ubirazz, porte-parole de l’entreprise sur le forum officiel du jeu, entre fatalisme et ironie.
La décision d’Ubisoft intervient alors qu’un récent état des lieux, réalisé par le site Torrentfreak pour l’année 2008, souligne l’aspect massif du piratage. En tête des copies piratées, Spore a été téléchargé à 1, 7 million de reprises. Dix jours après sa sortie, la création de Will Wright avait déjà connu 500 000 téléchargements. Après les Sims 2 (1,15 million de téléchargements en 2008) arrive Assassin’s Creed, d’Ubisoft (1,07 million)…
Ces chiffres sont à mettre en rapport avec l’ensemble des jeux vendus. Si les données sont lacunaires sur PC, Spore s’est tout de même vendu à 1 million d’exemplaires, dès sa sortie. De la même manière, Assassin’s Creed s’est écoulé à plus de 7 millions d’exemplaires, sur consoles.
Le choix d’Ubisoft n’est d’ailleurs pas purement désintéressé. Comme c’est le cas dans la musique, les DRM ont parfois suscité plus de problèmes à la firme que de solutions. Certains joueurs PC de Rainbow Six Vegas 2 ont ainsi été mis au chômage ludique, alors qu’ils avaient acheté une copie licite du jeu. Ironie de l’histoire : pour palier cette lacune, les services d’Ubisoft n’ont rien trouvé mieux que de fournir un correctif, en réalité un crack no-CD, réalisé par un groupe de hackers.La version PC d’Assassin’s Creed a également été touchée par une polémique sur les DRM. Ubisoft a déploré que certains journalistes spécialisés se soient servis d’une copie piratée pour réaliser leur test. Mais si ceux-ci ont dû faire ce choix, c’est parce que des DRM déficients rendaient l’accès au jeu impossible.
Il faut néanmoins reconnaître que l’initiative d’Ubisoft est à contre-courant de la tendance globale des éditeurs. Même Rockstar, qui se présente volontiers comme le porte-étendard de la contre-culture vidéoludique a décidé d’équiper GTA 4 sur PC de protections numériques, avec, pour conséquences, les mêmes carences techniques. Outre ces exemples significatifs, d’une manière générale, une liste de plus en plus exhaustive de jeux est protégée.
Qu’attendre, dès lors, de cette version allégée de DRM de Prince of Persia sur PC ? Si le jeu venait à être piraté massivement, cet épisode malheureux pourrait servir de jurisprudence, censé justifier une politique plus répressive. Mais nous nous garderons, pour l’heure, des procès d’intention.
Laurent Checola
Crédits : Ubisoft ; rebopper.