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Vincent Feltesse soumettra vendredi prochain une nouvelle procédure de délégation de service public au conseil de Cub. Veolia va continuer à gérer le réseau pendant au moins un an
«J’ai la haine». Vincent Feltesse, costard et Doc Martens n’a pas caché son agacement, vendredi midi, lors de la conférence de presse organisée pour expliquer quelles seraient les conséquences de l’annulation de la procédure de délégation de service public (DSP) des transports en commun de l’agglo bordelaise. Le président de la Communauté urbaine de Bordeaux (Cub) a gardé son calme et son sourire pour expliquer comment la DSP la plus importante de sa mandature s’était effondrée comme un château de cartes. Comment deux ans de travail venaient de s’évaporer et comment la Cub allait devoir tout reprendre depuis le début. Car c’est bien de cela qu’il s’agit. Certes, la Cub va faire appel en cour de cassation de la décision rendue jeudi dernier par le tribunal administratif. Celui-ci a en effet donné raison à la Deutsche Bahn (la société nationale des chemins de fers allemands), qui reprochait à la Cub de ne pas avoir fait de publicité européenne à l’appel d’offres qu’elle avait lancé pour la gestion de son réseau de transports en commun. Mais l’institution communautaire doit tout à la fois assurer la continuité de service public des transports en commun et remettre en route une procédure de DSP. Feltesse a donc dès vendredi fait envoyer aux conseillers communautaires trois délibérations sur lesquelles ils devront se prononcer lors du conseil communautaire de vendredi prochain. Les deux premières portent sur le prolongement d’un an du contrat de Veolia, la troisième sur la remise en chantier d’une procédure de DSP. En clair, Veolia va garder les commandes du réseau pendant un an. Pendant ce temps-là, la Cub lancera un nouvel appel d’offres (à l’échelle européenne celui-là) et devrait ainsi choisir un nouveau délégataire (ou opter pour une régie publique) à la fin de l’année 2009. Et le président de la Cub ne compte pas se faire avoir une nouvelle fois. Il annonce d’ores et déjà qu’il va rechercher les responsabilités du fiasco à l’intérieur de son institution (lire par ailleurs). Reste le volet politique. Le 28 novembre, lors du conseil de Cub qui avait entériné le choix de Keolis, Vincent Feltesse était passé en force. Avec toutes les voix de son camp (PS), celles des Verts (pas tous), mais pas celles du PCF ni de la droite d’Alain Juppé qui n’avait pas participé au vote. «C’est au président de montrer ses capacités à tenir le mât dans la tempête», expliquait vendredi Gérard Chausset (Verts), l’un des vice-président de la Cub. Toutefois la tempête est peut-être surmontable puisque Juppé a dès vendredi apporté son soutien à Feltesse : «Je me tiens disponible pour aider très activement le président Feltesse, à dégager des solutions visant à résoudre ce problème majeur.»
Sébastien Marraud
A qui la faute ?
Vincent Feltesse va diligenter une enquête administrative interne. «On ne peut pas avoir cette fragilité juridique au sein de la Cub. Il y a quelque chose qui ne va pas et cela ne peut pas durer.» Le président de la Cub a bien l’intention de savoir pourquoi il «s’est fait planter» (ce sont ses termes) et a laissé entendre qu’il n’hésiterait pas à couper des têtes si nécessaire (il parle de réorganisation). «J’ai des doutes quant à l’accès qu’a pu avoir Veolia, à des informations confidentielles.»