Lorsque bravant les intérêts de la Compagnie anglaise des Indes et les avis de Londres, Stamford Raffles, fondateur du Singapour moderne, abolit l’esclavage, partout où ses missions l’entraînent (dès 1805, à Penang, en Malaisie), il s’inscrit dans cette lignée des grands commis de l’état non inféodés à leur égo et à leurs simples intérêts personnels.
Le fait est si important jusqu’à nos jours qu’il mérite d’être souligné. Pour notre actualité, on se rapportera bien sûr à “la petite phrase qui tue” de Bernard Kouchner, lâchant Rama Yade la semaine dernière:
« Je pense que j’ai eu tort de demander un secrétariat d’Etat aux droits de l’Homme. C’est une erreur. »
Pourtant, parmi tous ces hommmes d’état ou ces découvreurs de nouveaux mondes, ces grands marins, ces capitaines et premiers diplomates, ces bâtisseurs d’empires à venir, tous ces héros de légende, Magellan, Christophe Colomb, Cook …(on conseillera pour ce dernier, la lecture du beau roman de la néerlandaise Anna Enquist, traduite par Isabelle Rosselin et choisissant de narrer l’attente de l’épouse),
..il en est un que les Français connaissent peu: il s’agit de Stamford Raffles, fondateur de Singapour.
Pour combler cette lacune, si besoin est, se procurer l’excellent petit ouvrage de Nigel Barley pour avancer avec lui sur les traces de Stamford Raffles (1781-1826), haut responsable de la Compagnie anglaise des Indes orientales, naturaliste et ethnologue amateur. L’auteur mène son enquête auprès des habitants de Djakarta, de Malacca, de Borobudur et relève tout ce qui suscite sa curiosité. Ces rencontres donnent lieu à de piquants échanges et à une collecte d’anecdotes parfois cocasses. Sans jamais se départir de son humour, Barley retrace, en parallèle à son voyage, la carrière de Raffles, les conditions historiques de son ascension, esquissant un portrait tout en nuances.
Photo de Bernard Kouchner et de Rama Yade empruntée au Point.
(A suivre)