portrait sous la neige

Il neige en aveyron. J'aurais sans doutes pu tout aussi bien l'apprendre, si j'avais regardé quelque pantin désarticulé avec ses magnettes sur un fond bleu devant la carte de l'hexagone, mais non pour cette fois, c'était un vieux pote qui en direct de son hameau du nord du rouergue me donnait l'info téléphonée tout en contemplant de sa fenêtre les circonvolutions de la ouate céleste. Ah! franchement, comme disait dans le temps roger couderc, "le direct y'a que ça de vrai", il rajoutait ensuite "allez les petits" mais là je vois pas bien présentement ce que j'en ferais, alors contentons-nous du direct, surtout quand vous connaissez les lieux dont on vous parle , alors forcément tout de suite vous y associez l'image- et déjà que le coin est du genre bucolique à souhait (à vos souhaits également) avé la neige qui tombe, c'est magique, ça vous donne les yeux de l'enfance, l'émerveillement assuré pour la carte postale, manque plus que le feu crépitant dans la cheminée, le traineau qui tintinabule et zou le tour est joué, je décolle; Ouah maman, c'est de la bonne! Pour les psys et assimilés égarés dans la salle, je précise que le fait d'appeller sa mère est aussi commun chez l'homme en général que de pisser sur la lunette des wc, ce qui pour ce deuxième exemple n'est pas forcément lié à un problème de vue mais plutôt de balistique et plus tard de prostate, quand au premier exemple- le mieux c'est de demander "pourquoi?" à sa mère- si vous l'osez! bien sur./...
(lauzer en aveyronnais) Mais s'il vous plait, ne nous laissons pas distraire par la météo, d'ailleurs une fois que le décor est posé, il ne reste plus qu'à y fondre quelque personnage, ce qui dans le cas de julien et de sa carrure avantageuse risque fort de prendre un moment. Oui, je l'avais pas dit? ah non je l'avais pas dit! il s'appelle donc julien ce citoyen là et c'est comme disait l'autre, un ami de trente ans. Je ne sais plus vraiment où je l'ai rencontré pour la première fois, vous verrez les jeunes, vous aussi ça vous fera ça plus tard! avé le temps, va tout s'en va "lalala lalala!-...Eh! oh! j'vais bien noté à cet endroit pensez à l'illustration musicale, mais faut ptêt pas exagérer, accessoiriste rangez-moi ça on a compris! pffffffff!!! surtout que le julien quand je l'ai connu , il était maoîste alors léo ferré t'imagine, l'anarchiste, c'était carrément un ennemi de classe. Ben oui aujourd'hui on s'emmerde moins avec les étiquettes, d'ailleurs on regarde surtout celle des conserves pour voir s'ils n'y ont pas glissé en douce de l'ogm ou quelques gouttes d'étang chinois pour diluer le brouet . Ah les chinois justement , ceux là , les folklos, qui n'avaient jamais mis les pieds en chine, ils pensaient que l'aura du grand timonier devait briller sur les consciences de l'humanité toute entière quitte à vous le faire avaler -le rigolo bébé nageur et ses pensées profondes- à coups de manche de pioche pour que ça rentre plus vite. Julien qui avait fait ses preuves dans les instances du parti -il faut dire qu'il était taillé comme un hulk du Yang Tse Kiang- on lui avait donc donné la responsabilité du service d'ordre- "le désordre c'est l'ordre moins le pouvoir"" c'es tdu léo ça aussi! et comme on m'a toujours dit qu'il fallait illustrer son texte avec des citations... deux fois du ferré en trente secondes, pour causer mao, c'est de la provocation et j'aime assez, d'ailleurs ça me rappelle les discussions animées avec mon pote aujourd'hui retraité et aveyronnais , et j'ai eu de la chance de ne jamais dévaler les escaliers de chez lui sur la fesse nord, pour insubordination comme c'était arrivé plus d'une fois à d'autres. Mais vous allez me dire, à l'aune d'aujourd'hui, que sont devenues ces différences sémantiques, idéologiques et tout ce qui s'en suique? Seulement tu vois camarade si tu permets bien sur que je t'appelle camarade! allez décontracte-toi ça va passer très vite; tous les anciens maos ne sont pas devenus psychopathe coréen, doyen de fac ou responsable du medef, tout comme tous les anciens anars, prof de fac aussi , philosophe à paillettes ou journaliste bon teint. c'est comme chez les vieux trotskistes sont pas tous devenus non plus socialistes (oui là, faudrait vérifier, je suis pas vraiment sur) Tout ça pour dire, que parfois, malgré l'eau qui ne se transforme pas pour autant en vin, et dieu sait -sic- si on a essayé , les rides du temps qui creusent leur sillon comme le socle de la charrue dans la plaie de la terre ingrate (opéra chinois?) on peut rester camarade, allez soyons plus simple et sincère on va dire -ami- et garder au fond de soi la ptite flammèche propre à allumer le cocktail molotov! et oh! on se calme c'est pas du tout ce que je voulais dire! en plus c'est russe ce machin et les maos les russes... ce que je voulais dire par là et par ici aussi, c'est que: même si -et c'est pas un mal- avé les années, on a allégé ses idées de ses matières grasses, ce n'est pas pour autant que l'on a renié , ni rogné, la substantifique moelle qui faisait que l'on savait toujours de quel côté on était ou plutôt de quel côté on n'était pas-il y a un rubicon -con à ne pas franchir - et tout en regardant par procuration tomber la neige sur les collines occitanes, je dis à mon vieux camarade bourru au grand coeur "gardarem lou moral"