Un américain en France

Un américain, habitant en France depuis 30 ans, disait récemment sur France-Inter que les français ne sont pas chaleureux. Eh bien, je suis bien d’accord avec ce monsieur.
Les français sont devenus bien individualistes, renfermés dans leur sphère privée ou derrière leur écran (ordinateur, ipod, portable, TV). C’est très réconfortant d’être caché derrière un écran : plus besoin de se confronter aux autres, un écran ne juge pas et on l’a sous contrôle. Essayez de blaguer avec un inconnu dans la rue ou dans un magasin : pas sûr du tout qu’il ait de la répartie, tout étonné qu’il sera qu’on lui adresse la parole!
Chaque bulle individuelle est volumineuse. Effleurer cette bulle n’est pas aisé, y pénétrer relève de l'exploit! Chacun garde ses distances. La galanterie et la séduction, ces règles tacites de rapports entre individus, qui font battre les cœurs et nous sentir si vivant, seraient-ils en voie de raréfaction ? Pourquoi tant de sites Internet de rencontre, destinés notamment à une agglomération où 8 millions d’habitants se serrent les uns contre les autres? C’est un comble!
Avons-nous perdu une certaine qualité des rapports humains? Les français se plaignent beaucoup, et peut-être cela les rend-ils grincheux (on devient ce qu’on répète sans cesse). Les gouvernements aiment à répéter que les choses vont mal (sans doute certains plus que d’autres). Surtout, les médias nous abreuvent de nouvelles négatives, sombres et anxiogènes. La répétition des mots crise, chômage, insécurité, vols, viols, baisse du pouvoir d’achat ou terrorisme s’inscrit dans les esprits. Les gens développent alors un sentiment de peur et se renferment sur eux-mêmes. Ah, la peur! Elle paralyse, freine nos prises de risques et contribue à rendre nos vies banales. Enfin, il me semble qu'une société qui a peur est plus prompte à accepter ce qu’elle refuserait dans une autre conjoncture.
Peut-être me trouvez-vous bien pessimiste ce soir. C’est pourtant un texte que je souhaite écrire depuis un moment déjà, qui découle de mes observations quotidiennes. Et au Québec, me direz-vous? Et bien, ce sera dans un prochain article! Il y a à dire!