Proche-Orient: Un réquisitoire des IZVESTIA contre la mission de Blair

Un article de  Evgueni Satanovski, président de l'Institut du Proche-Orient à MOSCOU

Le caractère insensé des missions diplomatiques, même dirigées par des VIP démissionnaires, n'est un secret pour personne. La recherche d'un nouvel emploi pour Tony Blair est un épisode de sa biographie et le sens de sa nomination au poste de "représentant spécial du Quartette" se réduit à cela.

Le monde n'est plus le terrain d'un "grand jeu" dans lequel les coups seraient déterminés uniquement par les "grandes puissances". Les pièces qu'ils manipulaient ont commencé à jouer d'elles-mêmes. Cela concerne non seulement les présidents et les premiers ministres des deux douzaines de pays de la région, mais aussi des milliers de chefs de guerre, leaders religieux et cheikhs de tribus. Cette "salade" contient des ingrédients bien trop petits pour pouvoir employer un "couvert" diplomatique traditionnel. Seul le hachoir implacable d'un régime totalitaire peut la mettre sous contrôle.

En détruisant les régimes laïques de ce genre et en affaiblissant les mécanismes traditionnels de la "verticale du pouvoir" des monarchies du Proche et du Moyen-Orient, l'Occident a libéré non pas la démocratie proche-orientale, mais le chaos tribal anarchique incapable d'entretenir des contacts avec le monde contemporain, comme les barbares à l'époque des Grandes invasions étaient incapables de mener le dialogue avec Rome.

Essayant chaque fois de régler le problème du Proche et du Moyen-Orient avant les prochaines élections, la "communauté mondiale" marche sans arrêt sur les mêmes râteaux. Il est certain qu'en fin de compte, la région acquerra un équilibre, comme l'Europe. Mais cela se produira, au plus tôt, dans 30 à 50 ans et plus d'une guerre aura lieu avant que ceux qui survivront au milieu des ruines trouvent une formule de paix.

Pour l'instant, les Etats-Unis continueront à livrer des armes à leurs alliés, et Abu Mazen (Mahmoud Abbas) à mener un dialogue sur la "réconciliation nationale" en Palestine avec ses opposants du Hamas à l'aide d'une cinquantaine de véhicules blindés russes. De toute évidence, il ne réussira pas à édifier un véritable Etat, mais, pour le moment, il a quelques possibilités.

 Evgueni Satanovski

>>>>>RELATIO PUBLIE CET ARTICLE EN TRIBUNE LIBRE: son contenu et sa forme n'engagent que l'auteur de ce texte (diffusé par RIA Novosti). Nous le reprenons parce qu'il est révélateur de l'opinion dominante à Moscou. Une question sans réponse,mais inquiétante en tant que telle: que recouvre la phrase "Seul le hachoir implacable d'un régime totalitaire..."?