Sur ta joue ennemie

Par Luc24

La critique  

 

Un film sombre et troublant

 

Après 13 années derrière les barreaux, Julien (Robinson Stévenin) est enfin libre. Mais maintenant, il va devoir penser à sa réinsertion, si tant est qu’il puisse en espérer une. Trouver un travail, soigner ses fréquentations, reprendre le droit chemin... Mais à peine sorti de prison, Julien retrouve un de ses camarades de cellule (Nicolas Giraud). Ce dernier lui a rendu un service, il a enquêté pour lui sur une jeune fille qui l’obsède. Elle s’appelle Emilie (Fanny Valette), elle travaille comme vendeuse dans un magasin de vêtements et aime passer ses soirées à aguicher les mecs dans la discothèque locale. Julien la suit, l’observe sans pouvoir lui parler. En treize ans, il semble qu’Emilie l’ait oublié et quand ils se reparlent, elle ne le reconnaît pas. Mais quand elle va découvrir qui il est vraiment, ce sera le choc. Julien, comme Emilie, vont ainsi voir leur passé refaire surface et devoir gérer leur rapport complexe entre l’amour et la haine…

Sortie en salles très confidentielle pour ce long-métrage de Jean-Xavier de Lestrade, co-érit par Gilles Taurand. Ce qui frappe directement, c’est la beauté des plans, la mise en scène plutôt virtuose. Le scénario intrigue, on ne sait pas du tout vers quoi on va mais on se doute bien que Sur ta joue ennemie ne sera pas une banale histoire de réinsertion. Robinson Stévenin parvient à donner toute l’ambigüité nécessaire à son personnage, Julien, garçon à vif, névrosé et apparemment capable du pire (il faudra attendre longtemps avant de découvrir le motif exact de sa détention). Le film oscille entre portrait social, enquête personnelle et drame sentimental. Les scènes en boite de nuit sont particulièrement bien gérées et dévoilent Fanny Valette en vamp fatale et un brin vulgaire. Un grand coup de chaud. On ressent l’obsession, le mal être des personnages, le poids d’une société qui ne fait pas de cadeaux.

Le scénario, assez ambitieux, finit malheureusement par se prendre les pieds dans le tapis. En touchant un peu à tous les genres, en basculant vers des ambiances très différentes mais toujours sombres, le réalisateur perd un peu son spectateur. Ainsi, la deuxième partie sème la confusion autant qu’elle trouble de par les sujets qu’elle évoque et ses partis pris de mise en scène. L’hystérie envahit par moments l’écran, bousculant une sobriété jusqu’alors fort séduisante. Le rythme faiblit, même si les personnages restent attachants. Mais l’on a perdu la curiosité, le mystère du début. Si l’on ressort de la salle pas franchement convaincu, Sur ta joue ennemie a au moins le mérite de laisser une empreinte. Robinson Stevenin et Fanny Valette, duo aussi sensuel que dérangeant, y sont pour beaucoup.