Outre des origines transalpines communes, je partage ce souhait de Primo Levi de rendre le citoyen responsable de ses choix : choix de vie, de politique, choix de société. Grand auteur italien, j’apprécie particulièrement sa manière distanciée de rendre compte de sujets complexes et difficiles à traiter. Déporté en 1944 à Auschwitz, cette douloureuse expérience marquera à jamais toute la suite de son œuvre magistrale, dont le premier livre Si c’est un homme reste sa référence littéraire la plus marquante et la plus boulversante.
Un recueil de textes Feuillets épars écrits entre 1973 et 1987 retrace les recommandations que Primo Lévi s’est permis d’indiquer à certains journalistes : "Qu’il ait toujours présent à l’esprit le pouvoir qu’il a entre les mains. Qu’il ne flatte pas la morbidité du lecteur. Qu’il le traite comme un adulte responsable, même s’il ne l’est pas toujours. Qu’il évite les extravagances de saison, douteuses et aussitôt oubliées. Qu’il ne feigne pas d’avoir compris ce qu’il n’a pas compris. Et surtout : qu’il n’oublie pas qu’apparaître dans le journal est, pour presque tous les citoyens, un événement désagréable, nuisible ou tragique, qui peut léser des intérêts légitimes, violer la vie privée, blesser la sensibilité".
A mon sens, la justesse de ces mots peuvent également s’appliquer aux femmes et hommes politiques, pas seulement aux personnalités les plus connues, mais aussi à tous ceux qui "passent" dans les médias et portent la parole de leurs familles politiques…