Je me suis (ef)forcé l'autre soir à regarder les infos sur I-Télé. Je dis forcé parce que d'ordinaire, je n'y parviens plus (à regarder, lire, écouter les "infos"). Ce fut I-Télé, mais ç'aurait pu être une autre du même accabit. J'ai tenu une quinzaine de minutes. Puis j'ai éteins la lucarne. Et je me suis dit, pourquoi on appelle cela les infos ? Qu'est-ce que l'on apprend, qu'est-ce que l'on emporte avec soit de tout cela ?
Qu'est-ce qu'il reste, au bout du compte, surtout que dans une heure, un jour, une semaine, ça recommence ? Ca continue. On dirait une moulinette qui fait farine de toute info. Avec une préférence pour le clinquant et le dérapant.
Je me suis dit, aussi, on dirait que la télé, de nos jours, elle zappe pour nous tellement elle a peur qu'on zappe et qu'on aille chez le voisins.
Je n'ai pu m'empêcher de penser ensuite à la nétosphère, à ce décalage l'air de rien, dans l'action où là, tout ou presque est encouragement [pour qui le veut bien évidemment] à justement aller chez les voisins, à creuser un sujet, à fouiller une thématique, de liens en liens. Le cliquant de préférence au vide drapé de plein. Arrogance.
M'étonne pas, finalement, que de plus en plus de gens se détachent de ces médias engoncés dans leurs stratagèmes à deux balles et finissent par s'attacher à d'autres médias, plus ouverts, plus à même de faciliter les choix, au moins celui de baguenauder. Ou carrément qui se détachent qui pour aller dans son jardin, lire un bon bouquin, que sais-je encore. Si le trop d'info tue l'info, le pas d'infos tue aussi l'info. Et c'est dommage. Il y aurait tant de choses à dire, à montrer, à expliquer. Mais il manque le sens, les valeurs, une éthique.
Je sais, je sais. J'enfonce des portes ouvertes en écrivant cela. Mais puisqu'elles sont ouvertes, faisons au moins en sorte qu'elles ne se referment pas.
Prenez l'affaire de la réforme de l'audiovisuel. L'exemple type de l'os à ronger que l'on file loin de la table à la meute affamée. Non la meute brocardée par Mitterrand. Quoique. Mais plus grave : la meute des parlementaires, comme on dit. Ces élus du peuple qui se comportent pire que des mômes dans une cour de récréation et qui, ensuite, sur le terrain, affichent des mines doctes et donnent des leçons, quand ils ne soupirent pas de concert avec le peuple, ah mes pauvres amis, comme je nous comprends, comme nous vivons des temps difficiles.
L'autre soir, un reportage diffusé sur Thalassa montrait une Guadeloupe rieuse et dévorée à la fois. Puis Haïti. Le décor. Et l'enfer du décor. Les palaces. Et les mômes qui bouffent des galettes de boue. Des hors bords. Et des frêles bateaux qui ne peuvent même pas braver la mer pour ramener de quoi manger. Pendant ce temps, en Grèce, la jeunesse se soulève. Ailleurs, on plonge dans les réveillons. Qu'est-ce qu'on se sent con, parfois. Absurde.