Dans les temps très anciens, Raiatea et Taha’a (îles sous le Vent) ne formaient qu’une seule grande île appelée HA VA I ‘I NUI (Grand espace invoqué qui remplit).
Un jour, les prêtres entreprirent la construction d’un nouveau marae. Pour que rien ne trouble l’atmosphère sacrée, personne ne devait se déplacer. Pendant cette période, une très belle jeune fille nommée Tere-he enfreignit les ordres et alla se baigner dans la rivière. Les dieux irrités firent sortir d’un trou une grande anguille, qui avala d’un seul coup Tere-he. L’anguille, possédée par l’esprit de la jeune fille, devint enragée. Elle bondissait de tous côtés et arrachait des arbres et des rochers. Elle dévora ainsi le milieu de l’île, ce qui forma un détroit qui sépara le Grand Havai en deux îles distinctes : Raiatea et Taha’a. L’anguille grandit de plus en plus et devint un énorme poisson.
Les dieux le confièrent à Tu-rahu-nui (Grand sorcier) qui se mît sur la tête et le dirigea vers l’est. Le poisson prit le nom de Ta-hiti-nui. Il était splendide alors qu’ils s’en allaient vers le large. Orohena, la plus haute montagne de Tahiti était, comme son nom l’indique, la première nageoire dorsale. Le poisson s’arrêta enfin, mais il était nécessaire de l’empêcher de bouger pour qu’il demeure éternellement à la même place. Des guerriers arrivèrent en pirogue pour couper les tendons du poisson. Ils essayèrent, tour à tour, mais en vain.
Le célèbre Tafa’i se rendit à Tubu’ai pour chercher une hache très grande et très lourde qui avait beaucoup de pouvoir. Il invoqua Tino-rua, seigneur de l’océan, et la hache devint légère dans ses mains. Tafa’i se mit à couper le poisson Tahiti et cessa lorsque tous les tendons furent tranchés. La grande chaîne de montagne, qui dominait Tahiti, fut ainsi coupée en deux parties. L’endroit où Tafa’i frappa, forma un isthme appelé maintenant Taravao.
Sabine