Très peu de temps après le charivari médiatique de “l’affaire Phillipis” (*) et un peu plus longtemps après la garde à vue de 10 heures infligée à un septuagénaire auteur d’un accident de la circulation sans gravité, ils récididivent.
Garde à vue d’une esthéticienne épilatrice : la police accusée d’être allée un poil trop loinLE MONDE | 12.12.08 ©
Cette fois c’est une esthéticienne qui en fait les frais. Certes, elle pourrait appartenir à cette corporation tout en étant une dangereuse criminelle. Mais ce n’est pas le cas en l’espèce… J’avais lu il y a quelques jours que les esthéticiennes revendiquaient la possibilité de pratiquer des épilations selon une technique plus moderne - la méthode dépilatoire à “lumière pulsée” - dont les résultats sont surtout permenants, contrairement à l’épilation à la cire.
Mais les médecins dermatologues leur dénient ce droit (elle ne doivent pas bouffer leur “fromage” !… 2500 € pour 4 à 5 séances - à margoulin, margoulin et demi) et celles qui utilisent cette méthode sont évidemment poursuivies pour exercice illégal de la médecine”…
C’est sans doute juridiquement fondé (les textes existent et le délit est passible de 2 ans d’emprison-nement et 30000 € d’amende) mais de là à interpeller une esthéticienne, la maintenir 8 heures en garde à vue, dans une pièce “sentant le vomi et l’urine” et l’obliger à se déshabiller entièrement - peut-être était-ce pour constater si elle-même était épilée dans les règles de l’art ? - il y a un pas que cette brillante maréchaussée n’a pas hésité à franchir…
Autrement dit, pour imiter le titre d’une rubrique du Canard Enchaîné : le mur du çon !
Autant dire que Joëlle Béchar, 58 ans, esthéticienne de l’institut de beauté La Jouvence, à Beaumont, dans le Puy-de- Dôme, et accessoirement ancienne “meilleure ouvrière de France dans les années 1980″ - elle a donc le droit d’arborer un liseré tricolore sur le col de sa blouse, ce me semble - n’est pas prête de décolérer contre ces pratiques policières du pire aloi.
Cette nouvelle affaire, va sans doute faire grand bruit dans Landerneau. Elle est bien évidemment soutenue par sa corporation. “Trop, c’est trop”, tonne la Confédé-ration nationale artisanale des instituts de beauté (CNAIB) : “Que font nos parlementaires ?”
Joëlle Béchar est persuadée avoir été dénoncée par un médecin dermatologue de sa région qui anime depuis une dizaine d’années un “centre laser”… possible mais invérifiable pour une petite blogueuse qui n’est informée que par la presse…
Toujours est-il que la police de Sarko se couvre une fois de plus de ridicule et d’opprobre ! le «principe de proportionnalité» entre le délit et le traitement infligé à son auteur - cher aux juristes, notamment en matière de libertés publiques - semble totalement inconnu à ces flics aux manières de cow-boys…
Bienvenue à O.K. flicaille !
La France, moult fois condamnée par la Cour européenne des droits de l’homme pour «traitements inhumains et dégradants» ne vaudrait donc guère mieux que la Turquie !
(*) j’ai reçu un peu tardivement ce matin (sur ma boîte secondaire “mémé Kamizole” que j’ouvre trop rarement) un mail de Mourad Guichard, talentueux journaliste de Libé-Orléans qui, entre autres choses, m’apprend qu’il est mis en examen. D’après ce que j’ai pu lire sur le blog de Fansolo, je crois savoir que c’est dans le cadre de l’affaire Fillipis…
J’attends confirmation de l’un ou de l’autre.