Magazine Culture
Merci Virginie pour ce Paul Auster que je rêvais de découvrir !
Ce livre a été dévoré en quelques heures, on ne peut pas le lâcher avant la fin. Il s'agit d'une longue lettre écrite par Anna à l'un de ses proches, un "tu" dont on ignore tout si ce n'est qu'il vit dans un cadre bourgeois. Anna est partie à l'étranger pour retrouver son frère, journaliste, dont personne n'a plus de nouvelles. Elle découvre un pays en crise dont elle ne peut pas fuir. Cette lettre raconte son adaptation à ce monde en déconfiture.
Anna devient d'abord ramasseuse d'objets qui sont ensuite recyclés. Elle erre dans la ville à la recherche d'ordures utiles en veillant à conserver son chariot. Il s'agit de détrousser les nombreux cadavres, d'échapper aux voleurs et aux fanatiques plus ou moins suicidaires ou meurtriers. Un jour, son chemin croise celui d'Isabelle. Une nouvelle socialisation s'amorce pour la jeune fille qui ne faisait que se survivre. A mesure de rencontres et de ramassage d'objets, Anna nous dévoile un peu plus sur le "pays des choses dernières" (titre en VO) sans jamais donner de réponse à toutes les incertitudes que provoque cette lecture.
Ce qui est fascinant, c'est ce monde kafkaïen où rien n'a vraiment de sens, ni de début ni de fin. Les règles ne sont pas vraiment édictées, mais il faut les suivre. La ville ou le pays sont des labyrinthes où Anna perd son lecteur et se perd. Comment se fournit-on de la nourriture ? Qui produit ce qui se vend ? Pourquoi les conditions de vies se sont-elles tellement dégradées ? Comme tout semble avoir basculé rapidement... L'atmosphère est quasi apocalyptique. Et toutes les questions restent en suspens...
Un roman superbement mené, marquant, à lire !