Lu dans Le Monde, sous la plume de Dominique Dhombres, à propos du parcours de François Bayrou :
Le Béarnais donnait l'impression de vivre plutôt bien cette solitude. A l'Assemblée nationale, il contemple du haut de l'hémicycle ses anciens amis ralliés à Nicolas Sarkozy. Il le fait avec un fatalisme tranquille, persuadé que son heure viendra. Il lui faut la foi du charbonnier ou un orgueil insensé, comme on voudra. Il se voit comme le général de Gaulle pendant sa traversée du désert.
Son registre est tout trouvé : il dénonce des turpitudes et annonce des catastrophes. Il est sans doute celui qui dit actuellement le plus de mal du président de la République, les socialistes étant encore pour l'essentiel occupés à d'autres jeux. "La France qu'il est en train de construire, dans laquelle le pouvoir est du côté des forts, des riches, je n'aime pas cette France-là", dit-il. C'est une opposition morale qu'il entend incarner. Il y a selon lui quelque chose d'extrêmement choquant dans l'abandon du rôle traditionnel de protection des plus faibles. "On n'a pas besoin d'un pouvoir républicain pour défendre les plus forts", dit-il encore d'un ton presque véhément. Cette ténacité est admirable et continue de plaire à l'opinion, mais elle finira peut-être par lasser."