La campagne américaine pour le poste de Président a été révélatrice d'un phénomène qui s'amplifie. Un phénomène qui n'est pas nouveau. La violence qui s'exerce au grand jour entre les personnalités de tous poils. Plus aucun politique, artiste ou candidat à un jeu ou à un concours n'a peur de s'attaquer ouvertement et durement à ses adversaires. Durant cette campagne qui a déchaîné les passions, les mots et les images ont frôlé la diffamation.
Dernièrement, Bernard Kouchner n'a pas hésité à donner le fond de sa pensée sur le Secrétariat d'Etat aux Droits de l'Homme, ce qui a créé un remous dans les média. Alain Souchon a eu des mots durs à l'encontre de la crise mais aussi de la Gauche dans l'émission A vous de juger du 11 décembre dernier, dans laquelle Rama Yade et Benoît Hamon ont passé la soirée à s'envoyer des missiles par des petites phrases assassines et subtilement distillées. Le monde des Miss n'est pas en reste avec des dauphines qui attaquent l'élue 2009 en la faisant passer pour Cruella. Ceci expliquant cela, on ne s'étonne plus des couacs entre personnalités de même bord. Je ne reviendrai pas sur l'épisode de l'élection du Premier secrétaire du PS…
Les spécialistes insistent sur le fait que rien n'est nouveau. Seulement il y a quelques décennies tout se faisait en coulisses, hors micros. La contradiction était de mise entre les confidences avant le générique et les propos anesthésiants devant les caméras. Mais à quoi bon, finalement ? Internet est passé par là depuis et a donné de l'indépendance et de l'autonomie aux citoyens : ils s'informent tout seul, se font leurs opinions et donnent leurs avis. Aujourd'hui le téléspectateur demande de la véritable franchise et de la transparence. Il veut entendre et voir ce que l'on soupçonne. Au moins, c'est plus clair.
Il y avait un décalage entre ce microcosme des personnalités et la population qui connaît cette violence au quotidien. Il y avait besoin d'un recadrage pour que tout soit en phase. La violence médiatisée est un reflet de la société. L'exemple frappant se situe en Grèce. Apparemment, le système politique est corrompu depuis des années, le système social est mort, cela ne pouvait donc que se traduire par une colère du peuple. La violence au plus haut niveau déteint sur le reste du pays. C'est donnant donnant. Si nos élus ou nos idoles ne se privent pas pourquoi au plus bas de l'échelle on s'en priverait ? Et vice versa. La dureté affichée en bas se répand en haut.
La population est prête à voir des gens connus se battre verbalement. Je dirais même que nous aimons ça. Les émissions ou les interventions diverses et avariées deviennent plus intéressantes. Quand nos politiques, car c'est principalement eux que cela concerne, auront compris ce que l'on attend d'eux, peut-être la confiance reviendra entre les électeurs et les élus. Le peuple français est prêt à entendre la vérité et à voir des scissions dans les partis. On sait bien qu'ils ne s'aiment pas tous alors pourquoi jouer le candide et afficher des sourires forcés ?
La crise joue un rôle important. Cette crise mondiale marque de toute façon une rupture. Comme elle s'installe sur la durée et risque de traverser l'année 2009 dans son entier, elle causera inévitablement une crise politique. J'oserai dire qu'il est temps de revoir ce système de clivage droite-gauche, teinté d'anachronisme. Il vaudrait mieux que les protagonistes se regroupent par affinité, la pensée unique n'est plus. Il y a eu un avant et il y aura un après. Le monde financier mais aussi le monde politique doivent se remettre en question. Au moins, cette crise va permettre une remise à niveau. De même que Mère Nature remet de l'ordre via un tremblement, une tornade ou un tsunami (c'est triste à dire mais c'est comme ça), la crise est l'éponge qui gratte pour enlever les tâches tenaces.
Il y a quand même du positif (car il faut toujours finir par une bonne note) : il y a des siècles, on s'empoisonnait ou on s'entretuait, aujourd'hui, on en reste aux mots.