D’après la dépêche AFP : http://www.google.com/hostednews/afp/article/ALeqM5hwNBHH52Vhne-wGF0LobXpVzpNFw
Petit rappel : le protocole de Kyoto, décidé en 1998 et appliqué (enfin signé) en 2005, avait pour demande une baisse significative des gaz à effet de serre (les 6 plus présents) pour les pays industrialisés, pour atteindre une baisse de 5.2% au niveau mondial en 2012 par rapport au niveau d’émission de 1990.
Et bien, je vous laisse faire le calcul, mais cela demanderait que l’Europe baisse de plus de 40 % ses émissions d’ici 2012… Pourquoi ? Parce que depuis le début de la négociation du protocole, nous n’avons cessé d’augmenter nos émissions !
Et aujourd’hui, le plan climat est signé. Super crient les signataires. Historique souligne un Sarkozy en pleine euphorie. Et Borloo qui se félicite, en disant que nous passons enfin de la parole à l’opérationnel. Déjà, la phrase de Borloo est à mourir de rire jaune ! Alors que Kyoto était contraignant, il avoue gentiment que nous n’avons rien fait ! Question : pourquoi en serait il autrement avec ce plan, qui n’est qu’une copie à minima de Kyoto ?
Les Européens vont devoir atteindre un triple objectif pour 2020: réduire de 20% leurs émissions de gaz à effet de serre par rapport à leurs niveaux de 1990, porter la part des énergies renouvelables à 20% de la consommation et réaliser 20% d'économies d'énergie.
Déjà ça coince. En fixant 20% de moins pour 2020 cela signifie … dédire Kyoto ! Et oui, 20% de moins en 2020 par rapport à 1990 n’est pas suffisant ! Nous devrions, pour corriger les excès qu’il y a eu entre 1998 et 2008 viser les 40 % de moins. Ce jeu de chiffre qui laisse à penser que nous « ferions mieux que Kyoto » fait tout simplement une belle entourloupe intellectuelle. Car depuis 1998 nous n’avons pas stabilisé les émissions de GES (gaz à effet de serre). Donc nous avons accéléré le réchauffement et surchargé l’atmosphère. Comment s’en sortir dans ces conditions ? C'est bien une hypothèque sur l'avenir qui est une nouvelle fois faite, mais là ce sont nos descendants qui vont payer, et cher !
Ensuite réduire la consommation d'énergie de 20 %. Est ce si difficile ? Pas tant que cela car ce plan anticipe deux choses : le fait que l'énergie va être de plus en plus chère car de plus en plus rare (et donc moins consommée car réservée aux plus riches) mais aussi que le tournant technologique est faisable : en effet les industriels annoncent déjà des produits un peu moins gourmands. Le combinaisons des ces deux facteurs va donc permettre de tenir les 20 % de moins... Mais comme cela se fera sans changement de paradigme de société, ce sera au prix d'un sacrifice de plus pauvres, dans les pays pauvres comme riches. Une régulation darwinienne par l'argent en quelques sortes, à l'échelle du monde. Qui peut accepter cela ?
Quant au 20 % d'énergies renouvelables, n'oublions pas que la France ne désespère pas de faire entrer le nucléaire dans ces énergies...
Ils s'étaient particulièrement inquiétés des contraintes imposées par ce plan en pleine crise économique à leurs industriels, dont la plupart devront commencer en 2013 à acheter aux enchères des permis d'émissions de CO2 qu'ils recevaient jusqu'ici gratuitement.
Paris a en effet accédé à beaucoup de leurs demandes de limiter les efforts demandés à leurs industries.
Au final, avec toutes les exemptions obtenues par les uns et les autres, la proportion de permis à polluer que devront acheter les industriels restera encore très faible en 2013, même si elle augmentera graduellement d'ici 2020.
N'est ce pas merveilleux de voir que ce plan ne prévoit finalement que peu de contraintes, pour ne pas dire aucunes ? Parce que l'augmentation dont on parle n'est pas énorme...
Les centrales électriques au charbon de Pologne et des autres pays de l'est n'auront elles à payer que 30% de leurs quotas d'émissions en 2013, pour arriver progressivement à 100% en 2019. Un résultat dont le Premier ministre polonais Donald Tusk s'est dit "satisfait".
Et voilà comment la France vient de vendre du nucléaire à la Pologne... Que croyez vous ? Qu'il en sera autrement ? Drôle d'idée ! Car derrière cette agitation de notre président, c'est bien l'ombre du lobby nucléaire qui plane. Faites le calcul : 2009 – 2020... 11 ans pour construire les centrales...
Toutes les exemptions obtenues ont fait dire aux organisations de défense de l'environnement, dont Greenpeace, le WWF et Friends of the Earth Europe - avant même l'annonce de l'accord - qu'il constituait "un échec".
Elles ont appelé le Parlement européen à amender le texte lors du vote prévu en première lecture la semaine prochaine.
C'est un bel appel, mais sans fond. Comment croire que l'assemblée plutôt droitière et productiviste va changer ces textes ? On peut l'espérer mais bon...
Au fait, nous votons en juin pour les européennes... Serait peut être temps d'arrêter d'envoyer des clown et d'y faire entrer l'écologie par la grande porte non ?