Qu’on coure par les ruelles, la nuit s’annonce si souple. Les lumières qu’on passe pivotent les ombres avant soi et, on le devine, achèvent leur révolution au revers du passage. Il y a la naissance du rythme, abstraire son expérience du monde. Tu te dis quelque part une source s’écoule avec un débit constant. Il y a une euphorie légère à marcher bon train. La silhouette de la ville éveille un monde intérieur dans une dynamique semblable à celle des églises baroques. La ville est comme une ombre de soi et c’est soi qu’on y cherche. Un coup d’œil dans la pente, en contrebas l’inclinaison romantique d’une étendue aux plis peuplée, frémissante. Est-ce bien du froid qu’on frissonne. A ce moment c’est comme d’achever une œuvre, constater que la chose est là, tout à fait, sous-tendue de mystères. Un lieu géométrique tendu de guirlandes.