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Histoire de la petite fille moderne, conte de Noël 3/5
Publié le 12 décembre 2008 par Rendez-Vous Du PatrimoineCliché I. Rambaud
Le troisième jour, la petite fille moderne et la grand-mère pas moderne s’entendaient à merveille. Elle sortaient ensemble, mangeaient ensemble, allaient au jardin ensemble, faisaient tout ensemble et ne se quittaient plus.
La grand-mère pas moderne lui racontait des histoires d’un temps inventé et d’autres qui étaient vraies mais qu’on aurait cru fausses, certaines avec le grand-père encore moins moderne qui était mort et qu’on voyait au cimetière, mais qui avait été jeune comme elle.
C’était surtout le soir et la petite fille moderne en avait oublié sa télé et son ordi. Elle caressait le chat qui ronronnait et fermait les yeux de bonheur.
Le matin, c’était les tartines grillées puis l’heure des lapins. L’après-midi, des promenades et du chocolat chaud au retour.
A force de passer devant la grande bâtisse avec ses verrières et ses cloches, la petite fille moderne eut envie de pousser la porte vermoulue.
Un matin que la grand-mère pas moderne l’avait laissée aller seule au jardin, en revenant elle agita la poignée. Le loquet cliquait dans le vide.
Elle mit un œil à la serrure et le temps de voir dans tout ce noir, elle finit par distinguer une grande allée centrale avec des dalles luisantes menant comme à une estrade. Il y avait plein de chaises en paille tout au long de l’allée, bien en désordre.
Au sommet des marches, elle distingua une sorte de bureau en pierre et encore au dessus, un grand tableau avec une dame en rouge qui s’envolait dans le ciel, entourée de petits enfants ailés.
De grandes raies de lumières passaient par les verrières.
La petite fille moderne n’avait jamais vu de tableau aussi grand et aussi mystérieux.
« Dis, grand-mère, quand est-ce qu’on ira à côté pour voir ? ».
« A côté ? Tu veux dire à l’église, dit la grand-mère pas moderne. Elle a beau être fermée, c’est toujours une église ».
« Ben moi, quand on a fermé mon école, une année, on l’a démolie pendant l’été, et puis après à la rentrée, on en avait une plus grande et plus belle ».
La grand-mère pas moderne resta silencieuse un moment, puis reprit : « On ne peut pas reconstruire le temps passé, tu sais… Il vaut mieux le garder, c’est un bien précieux. Là, il dort ».
La petite fille moderne ne savait trop que penser et fut encore plus surprise quand la grand-mère pas moderne ajouta : « Tu verras bientôt… ».
(I.R.)
A suivre.
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