Comme il est aisé sur nos chaînes nationales de parler de « jeunes anarchistes » qui s’en prendraient aux « symboles de ce qui est pour eux le capitalisme » mais qui sont avant tout des « symboles de liberté »… Si ce n’est pas de la propagande pourrie ça !
Retour sur les faits.
Dans le quartier de l’école Polytechnique d’Athènes (qui n’est pas militaire là bas), quartier Exharcheia, la ville a su préserver une mixité sociale appréciable : étudiants, ouvriers, cadres, etc… C’est exceptionnel pour un centre ville ! La vie y est foisonnante : de nombreux bars, salles de concerts, de conférence, des débats de rue, etc….
Le problème : le quartier est la proie des promoteurs immobiliers qui aimeraient bien vider les lieux des pauvres. Cela fait donc quelques mois maintenant que le moindre petit fait divers est monté en épingle. Et que la police est du coup de plus en plus déployée. La tension monte de plus en plus, les arrestations arbitraires aussi (l’ultra droite est à la tête du pays en Grèce ne l’oublions pas), les provocations de part et d’autre aussi.
On appelle cela « monter une poudrière ». Et malheureusement un drame est venu mettre le feu : la mort Alexis Grigoropoulos, 15 ans. Atteint de plusieurs balles. Après une manifestation contre les réformes.
D’après les témoignages de ses camarades présents, ils n’auraient fait « qu’envoyer des insultes aux policiers », ce qui avouons le n’est pas top, mais fréquent en retour de manif. Mais pas non plus passible d’une balle en pleine tête ! Seulement voilà, les policiers ont sorti leur arme de service et tiré. Soit disant pour se défendre face à des jets de pierres. Résultat : un mort, âgé de 15 ans. Et la jeunesse qui s’enflamme !
Depuis, on a pu voir dans les médias des parents protégeant leurs enfants des policiers, des policiers sortant leurs armes de service et tirant alors qu’ils n’en ont pas l’ordre. D’ailleurs, même s’ils en avaient l’ordre, ce ne serait pas mieux.
Alors oui, en face, la jeunesse, désespérée et chauffée à blanc réagit avec violence parfois. Oui des cocktails Molotov partent, oui… Mais ce n’est pas la majorité non plus !
Non, la majorité, elle, manifeste parce qu’elle en a marre. Marre de ce pays puis ne lui donne plus d’avenir. Marre de subir l’exclusion, le chômage, les violences policières. Marre d’être traitée en paria, en suspects, en gèneurs.
La Grèce est aujourd’hui aux mains de la droite dure, un état de plus en plus corrompu, des ordres donnés pour que la police soit de plus en plus dure.
Et face à cela, la révolte des jeunes est salutaire ! Souhaitable même ! Et nous ne pouvons qu’espérer que cet élan d’espoir fasse tache d’huile dans toute l’Europe. Une Europe qui se fascise (homophobie en Italie avec la censure de la RAI du film « Brokeback Mountain », élection de l’UDC en Suisse, chasse aux immigrés en France, etc…).
C’est cela que la jeunesse crie : STOP, offrez nous un avenir, un vrai. Pas la souffrance et la peur, pas le désespoir et la consommation.
Combien de fois n’ai-je pas entendu, et vous aussi sûrement, « ces jeunes ne veulent que casser ». Mais regardons de plus près : leurs slogans sont justes ! Il demande le droit à la justice, à l’égalité (contre les privatisations des facs), à une vie décente (contre la précarisation de la société), à l’amour… Oui oui, à des choses simples !
Et que fait-on en face : forces de l’ordre, provocations, répression ! Un pays qui a peur de sa jeunesse est un pays qui ne va pas bien. Et aujourd’hui, c’est toute l’Europe qui cherche à museler ce qu’elle a de plus cher : ses enfants !
Soyons solidaires des ces jeunes qui osent espérer et essaient de faire en sorte que demain soit meilleur !