L'envers du Paradis

Mercredi soir, je suis tombée sur un reportage sur l'Ile Maurice.

Pour ceux qui ne le savent pas, une moitié de moi vient de là-bas. Des origines que je n'oublie jamais mais qui ne font que très peu parti de mon quotidien. Je vis en Suisse, je côtoie toutes les nationalités. Des portugais en passant par des Congolais, des Turques, des Albanais. Je traîne même avec des Suisses-Allemand (vous voyez, j'aime vraiment tout le monde). Des Mauriciens, j'en connais, mais je ne sais pas pourquoi ça n'accroche pas plus que ça.

Et pourtant, une grande partie de ma famille vit là-bas, et ma mère vit ici, je devrais me sentir plus proche d'eux et surtout CONNAITRE ce pays.

On en revient donc à ce fameux reportage qui expliquait les prouesses de cette île en rapport à son activité principale : Le tourisme de luxe.

J'ai alors remarqué que « mince alors » mes connaissances de « mon » pays sont vraiment restreinte.

Et je remarque aussi que je ne la connais pas mieux que le touriste lambda qui rêve d'aller se griller la pillule sur ce « paradis » et ses plages de sable blanc.

J'ai appris dans ce reportage que depuis que l'île est devenu indépendante en 1978(j'aime même entendu que c'était une république depuis 1992), la croissance économique augmente d'environ 8% par année. Que le chômage n'y dépasse pas les 7-8% alors qu'ils sont plus d'1 millions à y vivre sur 2000km2.

Et c'est là que je me demande « mais si ces chiffres sont exactes, pourquoi ma grand-mère vit dans une baraque si insalubre, qu'elle a du mal à trouver de quoi payer son loyer et qu'elle doit faire vivre son fils de passé 40 ans qui travaille mais qui ne reçoit plus de salaire depuis 4 mois »

J'apprends aussi dans ce reportage qu'ils ont du implanter une ONG pour s'occuper des enfants de la rue... Des enfant à la rue ? Dans ce paradis ?

J'apprends aussi qu'un grand hôtel comme le Royal Palm a les moyens de s'exporter au Maroc, ah oui?

Donc en gros, ok, les hôtels créent de l'emploie, ok, essayé de viser ailleurs quand on sait que le fluel risque d'être rare et donc l'avion deviendra un luxe, se rapprocher de l'Europe c'est bien beau.

Mais quand est-ce qu'on s'occupe des Mauriciens dans cette histoire?

C'est sûr, sans le tourisme ma tante (guide) et ma cousine(hôtesse d'accueil) n'auraient plus de boulot. Le mari de ma tante qui bosse dans la construction n'aurai plus rien a construire si les investisseurs n'y investisse plus rien.

Sans enfant de la rue, ma tante qui travaille dans une prison de femme n'en aurait plus de travail non plus. Oui car ça je le savait déjà, là-bas, quand une gamine se fait abusé ou décide de quitter la maison parce qu'elle se fait tabasser, ce n'est pas dans un centre d'accueil qu'elle se retrouve, mais dans une prison. Et ce n'est pas des cas rares, sachant qu'il y a une forte concentration d'indou à l'Ile Maurice, je pense que vous connaissez tous le sort des femmes en Inde.

C'est con, je ne fait qu'établir une liste négative de ce pays qui dans un autre sens reste quand même un paradis sur terre... quand on n'est pas Mauriciens.

Vous me direz, ce n'est pas un cas isolés, mais est-ce que vous saviez tout ça, vous?

Alors, quand on me demande « mais pourquoi tu vas pas vivre là-bas? » j'aimerai répondre que j'en rêve, mais finalement, si un jour j'y retourne, ce sera avec une grosse sommes d'argent, du courage et une grande volonté d'aider les miens.

Je ne suis pas là pour vous dégouter d'aller là-bas. La population Mauricienne est vraiment plus qu'accueillante, toujours le sourire au lèvre. Ils savent ce qu'est s'amuser et prennent toujours la vie du bon côté. Je voulais juste remettre les choses à leur place.

Surtout que mes parents sont actuellement sur place pour y construire leur futur maison et monter une maison d'hôte. Ce n'est pas le moment de leur casser la baraque.

Mais j'ai l'espoir qu'un jour (oui je rêve un peu sur ce coup), les bénéfices que se font certains PDG sur le dos des belles plages mauriciennes fassent un peu mieux vivre ma petite grand-mère.