Alyse Black : "La musique m'a rattrapée"

Par Titus @TitusFR
Alyse Black a tout d'une nouvelle Norah Jones. Comme cette dernière, elle arbore, outre son joli minois et une voix ravissante, un talent certain pour conjuguer le jazz à une grande variété d'autres styles. Issue d'une famille où le théâtre et la musique ont toujours fait bon ménage, son parcours n'a toutefois pas été rectiligne. Un temps dédiée au monde des affaires, parenthèse qu'elle qualifie aujourd'hui d'erreur de jeunesse, elle doit son retour dans le giron de la musique à une rencontre fortuite avec un pianiste de jazz. Un itinéraire que la belle Américaine nous raconte dans l'entretien qui suit.


Titus - J'aimerais, pour commencer, que tu nous parles un peu de ton enfance...
J'ai grandi à North Ridge, au nord de Seattle. Un quartier résidentiel plutôt sécurisant où je pouvais faire du vélo toute la journée sans avoir besoin d'être surveillée. La piscine du quartier occupe aussi une large part de mes souvenirs. Je me revois, une bouée de caoutchouc autour des chevilles, à jouer à la sirène plusieurs années de rang... Sandy était ma nourrice. Elle s'occupait de moi quand mes parents étaient au travail. Elle avait douze enfants, dont neuf vraiment bien à elle. Cette femme était un vrai phénomène ! J'aimais me retrancher à l'abri des branches d'un immense saule pleureur qui se trouvait au milieu de son jardin. C'était mon espace à moi; assise au pied du tronc, je dessinais et poussais la chansonnette. Le soleil s'immisçait à travers les branches et venait me réchauffer. J'avais beaucoup d'animaux domestiques à la maison, que les gens de mon quartier avaient rebaptisée "le zoo". C'était mérité : nous avions trois lapins, un chien, deux chats, quatre hamsters, trois lézards, trois perroquets, deux perruches et même deux chevaux à un moment donné. Je n'étais pas une maîtresse très attentionnée cependant, et je ne pouvais pas m'empêcher de culpabiliser. Mais, bon. Au moins, j'empêchais les chats de dévorer les oiseaux ! C'était déjà quelque chose...

Titus - Tu as des frères et soeurs ?

J'ai deux soeurs plus âgées. L'aînée était la rebelle de la famille. Elle a commencé à prendre des drogues dures dès l'âge de 17 ans avant de tomber enceinte à 18. J'avais un peu peur d'elle. Elle réclamait surtout de l'attention. En revanche, la cadette était plutôt tranquille et refoulée. Quand les choses tournaient mal, elle courait se cacher dans sa chambre. C'était une vraie fana de lecture. Nous portions souvent des vêtements assortis. C'était ma meilleure amie. Quant à moi, j'étais la "gentille fille" de service. Un peu pleurnicharde, quand même. J'étais un peu garçon manqué. Toujours à escalader les arbres ou à faire de l'équitation. J'aimais aussi les jeux vidéo. Ma mère, qui est médecin, a fait ses années d'internat en Californie. A son retour à Seattle, elle a demandé le divorce et a obtenu les droits de garde. Comme j'étais une vraie fille à papa, ça a été un peu difficile à vivre au début. Je les adore tous les deux. Ils ont vraiment fait de leur mieux.
Le premier succès d'Alyse Black, "Wouldn't it it be nice", extrait de son tout premier album :

Titus - Tu n'as pas seulement vécu aux Etats-Unis...
Tu as raison. J'ai vécu dans un certain nombre de pays et je serais tout à fait prête à déménager de nouveau, si j'en avais l'occasion. Je me suis habituée à ce mode de vie et ça m'aide bien lorsque je suis en tournée ! Mes voyages de jeunesse, qui étaient essentiellement liés aux activités de ma mère, ont fait de moi une sorte de caméléon. Je m'adapte très facilement. Je suis fascinée par la richesse des peuples et cultures. J'adore apprendre à parler d'autres langues. Et je me considère avant tout comme une citoyenne du monde. Je crois être assez ouverte de nature; toujours prête à engager la conversation avec n'importe qui. J'aime les gens et j'aime leur grande diversité.
Titus - Au nombre de tes voyages, tu as fait du trekking au Népal...
Oui, une expérience absolument fantastique. De voir notamment ces gens qui possèdent si peu de choses, si l'on se réfère aux normes occidentales, mais qui se contentent d'un rien et semblent si heureux de vivre.
Titus - J'ai lu que le théâtre et la musique ont toujours figuré en toile de fond dans les premières années de ta vie...
Mes parents accordaient beaucoup d'importance à la musique. Ma tante était aussi concertiste à une certaine époque. C'est mon père qui, le premier, m'a appris à jouer du piano. J'ai aussi suivi des cours plus formels mais cette approche n'était pas trop de mon goût. Je suis donc partiellement autodidacte. Mais le piano est un instrument tellement formidable. Il y a toujours eu un piano au milieu du salon et j'ai toujours aimé m'amuser avec. C'est un apprentissage sans fin. Mes soeurs chantaient aussi. C'est d'ailleurs pour imiter l'une d'elles que j'ai décidé de participer à ma première comédie musicale, à l'école.

Titus - Tu n'avais que sept ans à l'époque, paraît-il ?
Tout à fait, mais ma première expérience de la scène était survenue une année plus tôt, à une sorte de radio-crochet. J'y avais interprété “The Sun Will Come Out Tomorrow”. Mon père m'avait accompagné au piano. L'année suivante, je participais donc à ma première comédie musicale, “King and I”. Je chantais aussi beaucoup à l'église, au sein d'un choeur, et puis à la maison, accompagné de mon père au piano. Je crois que déjà, à l'époque, j'avais l'intime conviction que je finirais par en faire mon métier.

Titus - Le piano n'est pas le seul instrument que tu as essayé...
C'est vrai. J'ai notamment pratiqué le violon jusqu'à l'âge de dix ans. J'ai d'ailleurs conservé l'instrument. Je suis sûre que je m'y remettrai un de ces jours. J'aimerais vraiment être en mesure d'en jouer un jour en spectacle. C'est un miracle que mes parents n'aient jamais abandonné l'espoir de m'apprendre à jouer d'un instrument... J'en ai essayé plusieurs. Le violon et la trompette sont mes instruments favoris. J'aime la douceur qui s'en échappe.
Titus - Et la guitare ?

A l'adolescence, j'ai appris un peu à en jouer à partir de méthodes. Je rêvais, à un moment donné, de devenir guitariste classique. J'ai le projet d'en jouer sur scène dans un proche avenir. Mais dans l'immédiat, je me contente assez bien du piano.



Titus - Pourquoi as-tu décidé de suivre des cours dans une école de mannequins ?
J'étais encore une enfant. Ce sont mes parents qui m'ont inscrite à cette école. Je voulais faire du théâtre et cela faisait partie du cursus, donc j'étais bien contente. J'avais les cheveux roux et une taille de guêpe à l'époque. Mes parents pensaient que je pourrais faire un joli mannequin. J'y ai appris un certain nombre de choses, notamment la maîtrise de soi. J'ai vite compris que chacun essaye constamment de bien paraître parce qu'on craint toujours d'être ridicule. Une personne capable de garder son sang-froid, à condition de ne pas paraître trop sûre d'elle, gagnera toujours attention et respect.
Titus - Plus tard, tu as songé à partir étudier à Juilliard, un établissement réputé... Pourtant, tu ne t'y es finalement pas inscrite. Pourquoi ce revirement ?
Plusieurs facteurs. Je crois tout d'abord que j'ai eu peur de quitter mon petit ami de l'époque. J'ai craint aussi de ne pas être admise. Ou d'être admise, d'ailleurs. J'étais tenaillée par la peur. Je craignais qu'on se moque de moi. J'ai beaucoup retiré de cette expérience. Il m'arrive encore d'avoir peur que le public n'aime pas ma musique ou l'adore. Mais je ne m'arrête plus à cela. Tant pis si j'ai peur. Cela me rappelle une autre expérience. J'avais 14 ans quand j'ai été reçue dans une école d'art à Nantes. Ca aurait pu être une expérience incroyable : la moitié du temps scolaire devait être dédiée à la musique ou à un autre art. On m'avait même trouvé une famille d'accueil... Mais je me suis finalement désistée. Encore la faute d'un petit copain. Une bêtise de jeunesse. Je m'en veux encore. D'autant que ça n'a même pas duré avec ce petit ami... Ces occasions râtées m'ont fait prendre conscience, en tout cas, de l'importance d'aller de l'avant. Je ne laisse plus passer les opportunités qui s'offrent à moi. Ma vie est belle et sinueuse. Je la saisis dorénavant à bras le corps.
Titus - L'adjectif "sinueux" colle en effet assez bien à ton itinéraire... Car il aura fallu encore quelques années de patience avant que tu ne décides de te consacrer véritablement à la musique...
C'est vrai ! A la fin de mes études secondaires, j'ai vécu en Allemagne de l'Est pendant une année grâce à une bourse du Bundestag. La famille allemande qui m'a reçue était merveilleuse. Ils étaient médecins. Je suis arrivée à la conclusion que les arts n'étaient pas un "vrai" métier. Je devais être bien frivole pour songer à faire carrière dans le monde des arts. Sans doute l'étais-je un peu, mais tout le monde aime la musique. Il fallait un jour ou l'autre que je tente ma chance. Je n'ai pas pris cette décision à la légère. Je suis retournée aux Etats-Unis pour étudier à l'université de Washington. J'ai décroché quelques diplômes dans les domaines des affaires, des études internationales ou des communications. Cela a débouché sur mon embauche par une grande firme de consultants en qualité d'analyste. J'aimais beaucoup cette entreprise, notamment les multiples voyages à travers les Etats-Unis pour aller à la rencontre des clients. Mais quelque chose clochait dans tout ça. Je sentais au fond de moi que ce métier n'était pas fait pour moi. Je commençais franchement à avoir des idées suicidaires, c'est dire ! Je m'endormais chaque soir en pleurant. Je me disais qu'il était trop tard de faire marche arrière, trop tard pour réaliser mes rêves d'enfance. Je voulais croire que ce n'était qu'un passage à vide. Que j'allais gâcher ma vie et faire beaucoup de mal aux gens que j'aime si je laissais tout tomber...

Titus - Et c'est ce que tu as fait ?
En effet. J'ai démissionné. J'ai fait une croix sur mon salaire confortable. Et j'ai pataugé pendant quelque temps. Je souhaitais faire quelque chose pour embellir le monde. J'ai envisagé le travail social à un moment donné, ou même l'humanitaire. J'ai songé à devenir actrice mais la musique m'a vite rattrapée, comme une évidence.

Titus - Et ce sont les rues de Seattle que tu as choisies comme première scène...

Je venais de renoncer à l'avenir brillant qu'on me promettait dans le monde des affaires et je n'avais pas d'idée précise sur la manière de me lancer dans l'univers de la musique. Je savais seulement que je n'avais plus de temps à perdre. Je voulais rapidement trouver le style qui me correspondait le mieux et me présenter en public le plus tôt possible. C'était la meilleure façon de lutter contre mon trac. Il y a un endroit formidable à Seattle pour se lancer, c'est la place du marché, le "Pike Place Market". Avec les autres musiciens ambulants, nous l'avons d'ailleurs rebaptisée "l'école de musique de Pike Place", car ce lieu est vraiment extraordinaire. Les passants sont d'une franchise redoutable : ils n'hésitent pas à vous confier ce qu'ils ont pensé de votre performance. Lorsqu'ils n'aimaient pas, ils le disaient sans ambage, alors même que vous étiez en train de chanter. Par contre, quand ils aimaient ce que vous faisiez, ils versaient leur obole. Il y avait moyen de gagner sa vie de la sorte, à condition bien entendu d'accepter de travailler dans la rue cinq heures durant, qu'il fasse soleil ou qu'il pleuve !


Titus - Et c'est précisément à Pike Place Market que ton conte de fée a commencé à prendre forme car c'est à cet endroit que tu as été entendue par un musicien qui t'a fait une proposition.
Absolument. J'étais postée à mon endroit favori, sous une cage d'escalier située pratiquement à l'entrée du marché. Plusieurs groupes m'avaient déjà approchée pour que je chante pour eux mais ce jour-là, on m'a carrément proposé de jouer le soir-même dans un club de la ville. Le passant n'était autre que Mike Withey, le pianiste du groupe No Jive Five. Un type vraiment adorable. Il m'a proposé d'aller chanter uniquement quelques chansons. J'y suis allée et j'ai adoré l'expérience. Autant le fait de me produire avec un groupe que l'atmosphère du club de jazz. Mike a demandé aux autres membres du groupe s'ils voulaient bien que je reste, vu que l'une de leurs chanteuses venait de démissionner. Et j'ai été aussitôt adoptée. Petit à petit, Mike et moi nous sommes découvert une passion commune pour la samba et la bossa nova, à l'instar du "Waters of March" de Carlos Jobim. Ca nous a donné l'idée de créer un groupe spécifique, Thursty Love, pour interpréter des chansons d'amour du répertoire jazz latin. On a opté pour une formule trio et voix. Mike était au piano, Val Madsen à la batterie et Mike Catts à la basse. On a travaillé ensemble pendant près d'un an, jusqu'à ce que je déménage à Austin. C'était un groupe vraiment formidable.
Titus - Le résultat de ce travail a été la sortie d'un EP, "Musical Chocolate for the Discerning Ear", au printemps 2007. De quoi était-il question ?
Oui, cet EP est sorti environ huit mois avant mon premier album. Mike Withey en détient les droits et le vend lors des concerts de Thursty Love. Ne vivant plus à Seattle, je ne fais plus partie du groupe. Je souhaitais vraiment me concentrer sur l'écriture de compos personnelles et développer mon propre projet solo.
Titus - Ta chanson "Stood for Stand for", qui figure sur ton premier album sorti en décembre 2007, s'est trouvée en première place du fameux palmarès américain Billboard dans la catégorie jazz en 2007. J'imagine que ce type de récompense apporte un peu de baume au coeur lorsqu'on a, comme tu le disais, douté de son talent...
Je ne pense pas être la seule à douter de mon talent. Je crois qu'à différents degrés, tous les musiciens, tous les artistes connaissent ce même questionnement. Alors c'est certain que ce prix m'a rendue un peu plus confiante. Il m'a permis de croire un peu plus en mon avenir dans ce métier. En même temps, je suis persuadée qu'il me reste beaucoup à apprendre.

La chanson "Stood for stand for" :


Titus - Peux-tu nous décrire la manière dont tu composes tes morceaux ?
Je commence généralement par les paroles. Viennent ensuite la mélodie, les harmonies et le rythme. Mais cela dépend. Et les chansons commencent à changer à partir du moment où on les interprète en groupe. Les musiciens ont toujours d'excellentes idées pour faire évoluer un morceau. Quand je joue avec la formation "Société Eclairée", ça n'a rien à voir avec ce que je fais par ailleurs avec mon band "officiel".

Titus - As-tu des sujets de prédilection ?

J'aime parler d'espoir et d'amour. Faire en sorte que les gens qui m'écoutent se sentent bien en espérant, pourquoi pas, déclencher quelque chose en eux. Si j'écris sur l'amour, j'essaye de les aider à franchir des caps difficiles et à tirer le maximum de leur relation. J'adore explorer les thèmes liés à la condition humaine. En partant d'expériences souvent personnelles qui parlent, je l'espère, au plus grand nombre.
Titus - Les critiques citent abondamment les noms de Norah Jones, Tori Amos, Billie Holiday ou Tom Waits lorsqu'ils parlent de ta musique. Ces musiciens ont-ils beaucoup compté pour toi ?

Ils ont tous, à un moment donné de ma vie, fait partie de mes obsessions musicales. Je suis toujours passionnée par quelqu'un. En ce moment, j'écoute énormément Jesca Hoop, Rachael Yamagata et Priscilla Ahn. Et je suis aussi de plus en plus attirée par Brandi Carlisle. Je tombe amoureuse sans arrêt. En particulier lorsqu'il s'agit de musique. Mais aussi de façon générale (rires).

Titus - Quand as-tu décidé qu'il était temps d'enregistrer un premier disque ?
Je commençais à accumuler un certain nombre de chansons et je croyais que le temps était venu de les entendre en dehors de moi. Je voulais voir comment elles seraient perçues. L'an dernier, au printemps 2007, le projet a pu se concrétiser grâce à l'aide de quelques personnes qui se sont mobilisées. J'ai du mal à y croire aujourd'hui. Tant de choses se sont produites en un an ! La vie a été très bonne avec moi. Un journaliste me demandait il y a quelques jours si je n'avais pas attrapé la grosse tête avec tous les prix que j'ai reçus ces derniers mois. A vrai dire, je ne prends vraiment rien pour acquis. Chaque nouvelle récompense me donne simplement du courage pour avancer.


Titus - Ton album "Too Much & Too Lovely" est sorti en décembre 2007. Peux-tu nous dire deux mots sur les conditions d'enregistrement ?

Le disque a été enregistré au studio X, l'un des meilleurs studios de Seattle. J'ai toujours adoré cet endroit. Ce studio a été construit autrefois par le groupe de rock Heart, pour ses propres enregistrements. Il est particulièrement bien équipé et assez luxueux. Je disposais seulement de six jours pour enregistrer et mixer seize morceaux. C'était un peu court mais nous y sommes parvenus. Avec un peu de recul, j'aurais aimé pouvoir disposer d'un peu plus de temps, mais nous avions un budget serré. Et je ne crois pas de toute façon que la qualité d'un album est liée aux montants investis.
La chanson "Wouldn't it be nice", lors de la soirée lancement de son tout premier album, le 11 décembre 2007, au Musicquarium :

Titus - Tu tournes de manière assez intensive aux Etats-Unis. Aura-t-on bientôt la chance de pouvoir te voir sur une scène européenne ?
C'est dans mes plans, en effet. Je suis en relation avec des tourneurs européens. Idéalement, je souhaiterais autant me représenter en Europe qu'aux Etats-Unis. Nous devrions y arriver dans un avenir assez proche...

Titus - Quels sont tes projets pour les prochains mois ?
Je suis en train de peaufiner les chansons de mon nouvel album, qui devrait être enregistré au début de l'année 2009. Je suis très excitée rien que d'y penser. L'enregistrement sera suivi d'une tournée dans le Nord-Ouest des Etats-Unis en début d'année. J'ai l'intention de beaucoup tourner l'année prochaine...

Crédits photo : Dave Matthews et DR.
POUR EN SAVOIR PLUS
Le site MySpace de l'artiste.
Le site officiel d'Alyse Black
La chanson "Wouldn't it be nice" est téléchargeable gratuitement à partir du site officiel de l'artiste. Cliquer sur "download" dans la fenêtre rouge du lecteur Reverb Nation.
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