A 17 ans, j’ai eu l’occasion de découvrir une autre activité que le classique. Je me suis inscrite pour une colonie qui organisait une randonnée à cheval. Le programme avait l’air sympa, randonnée à cheval sur trois semaines. Quelle expérience complètement déroutante pour un cavalier classique. Nous étions 25 jeunes et seulement 2 à savoir monter à cheval. Je me demandais bien ou j’étais tombée.
La méthode d’apprentissage était la suivante : le premier jour, on apprend à panser, selle, nourrir, attacher, enfin tous les trucs indispensables. Le directeur fait monter tous le monde dans un rond de longe et attribue les chevaux en fonction des cavaliers. Il a pris son temps, certains ont montés 6 chevaux avant que le directeur soit satisfait. Plus tard, j’ai appris que le niveau n’était pas le seul critère, il évaluait la morphologie du couple, l’aisance, le caractère même des deux influait sur son choix car les couples étaient formés pour trois semaines.
Le deuxième jour, petite ballade de deux heures pour mettre en place les commandes et commencer à « faire » les fesses des cavaliers. A partir du troisième jour, nous sommes partis pour la randonnée.
Ces randonnées, c’est une immersion dans un autre monde. La première phase consiste à régler les montres à l’heure solaire car c’est celle qui convient le mieux aux chevaux. Ensuite, les passages en ville sont rares, les étapes se font en bivouac, sous tente et hamac. On décroche totalement de nos vies normales.
J’étais persuadé que ça ne pouvait pas bien se passer avec tous ses débutants. Et bien non, il n’y a eu aucun problème, les chevaux étaient bien choisis, bien dressés, les cavaliers étaient très détendus grâce à l’approche faite depuis deux jours et l’encadrement. Au fil des jours, j’ai vu mes camarades s’améliorer et à une vitesse impressionnante. Il n’y a jamais eu de panique même lors de passages délicats, aucun n’a connu la boule au ventre avant de monter. Ces jeunes qui ne connaissaient rien au cheval ont appris tellement plus de choses que moi en deux ans, j’étais impressionnée. De plus, la mentalité de cavalier qu’ils ont développée est la plus saine que je connaisse, le but de la randonnée étant de toujours faire passer le cheval avant soi. On se lève, on nourrit son cheval et ensuite on déjeune. A la pause du midi, on s’occupe de son cheval et après on mange. Le soir, pareil mais avant de se coucher, on doit aller voir son cheval. Les premiers jours, beaucoup dormaient sous les tentes mais ensuite, petit à petit, les hamacs fleurissaient dans les arbres et à la moitié du séjour, tous les cavaliers dormaient auprès de leur monture.
Au fil de la randonnée, ils ont appris à trotter et nous avons même piqué des galops. Il n’y a eu aucune chute lors de la rando, Aucune chute … quand j’y repense, ça me paraît tellement incroyable.
De mon côté, j’ai appris énormément. Tout d’abord en soin aux chevaux, ensuite en ouverture d’esprit et pour finir en confiance. Ce fut mes plus belles semaines à cheval.
J’ai eu la chance de travailler avec eux une fois majeure et je reste persuadée que l’on peut apprendre et beaucoup plus en randonnée qu’en carrière. Je pense aussi qu’une rééducation peut être faite et très bien faite avec des gens compétents.
Les stressés, les peureux, les « manque de confiance en soi », foncez, ça va vous soigner, je vous l’assure.
Souvenirs : instants que je n’ai jamais oubliés :
-à l’aube, le souffle de mon cheval sur mon visage qui me réveille ;
-la nuit, au fond de mon hamac, l’entendre manger, respirer ;
-le silence du dernier jour de randonnée, plus personne qui parle, la tristesse de chaque cavalier qui sait qu’il va quitter son cheval.