Souvenez-vous du temps où, enfants ou adolescents, vous espériez vainement que Monsieur Lémathes ou Madame Lagéo soient absents, juste aujourd’hui, juste une heure volée à l’emploi du temps routinier. Il faut le dire et le rappeler : la génération actuelle n’a pas tant changé vis-à-vis de la mienne, et aujourd’hui comme hier, un bon prof est un prof absent. Certains me diront que j’éxagère, que les terminales eux au-moins veulent leurs cours, y’a le bac en juin, faut pas traîner. A voir … Je batifolais hier sur les notices Fesse-Bouc de certains de mes élèves de terminales : c’est leur rêve, le prof absent, ils ont même créé un groupe sur ce sujet.
Et inversement, ça marche aussi : le prof un peu sur les genoux, pas bien réveillé, qui espère encore plus en vain que la classe de première 14 sera absente. A l’improviste. 35 jeunots qui chopent la gastro en même temps. On peut rêver longtemps …
Ce matin : blocage des portes (et non blocus comme le disent les djeuns, faudra que je pense à leur faire un cours d’histoire, un de ces jours). Les profs entrent, mais pas les élèves. C’est bizarre, un lycée où les profs sont plus nombreux que les élèves. On a un peu l’impression d’être les animaux d’un zoo attendant leurs cacahuettes. C’est qu’ils sont nombreux, de l’autre côté des portes. Du moins au début. Ils sont calmes et la voiture de police reste peu de temps. Ça tombe bien parce-que depuis qu’une collègue d’un autre bahut a été giflé violemment par un représentant des forces de l’ordre, j’ai du mal à supporter les cow-boys.
Peu à peu, et peut-être aussi parce-qu’une petite pluie fine et glaciale accompagne le lever du jour, les élèves se font moins nombreux. Le troupeau s’éparpillent, mais toujours pas d’ados dans le lycée. Le prof, désœuvré, papote, boit cafés sur cafés, papote, papote, papote et finit par se tirer.
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