Angelika Markul sait comme peu d’artistes (avec lui, sans doute) créer une atmosphère qui vous saisit dès l’entrée dans l’espace d’exposition (à la galerie Frédéric Giroux, jusqu’au 17 janvier). D’abord, partout, des plaques noires brillantes, comme des miroirs infernaux dans lesquels on ne se verrait plus, on s’anéantirait : elles sont accrochées au mur comme des tableaux ou amassées au sol en un précaire échafaudage. Ce pourrait être une descente aux enfers; l’une des plaques respire, bruisse, vit, elle est profonde comme une caverne, on y voit une autre salle, tout aussi sombre, aux murs recouverts de ce même plastique noir brillant. La brume emplit cet espace avec lenteur puis en tourbillons tumultueux, ensuite, aspirée violemment, elle se retire à grand bruit. Est-ce une machinerie, ou serait-ce la respiration d’un monstre ? (Le souffle, 2008)
Cette installation de cette jeune artiste franco-polonaise traduit avec peu de moyens, des matériaux pauvres et une grande science de l’occupation de l’espace, des sentiments complexes, et sans doute assez personnels, d’anxiété et d’énergie, de deuil et de renaissance, de passage d’un monde à un autre, de déchirure et de libération. Il est rare qu’on parvienne à une telle poésie tragique aussi bien et avec autant de force. Après ses expositions précédentes (en particulier ici et là) Angelika Markul frappe de nouveau très fort.
Photographies des installations, ©Angelika Markul, courtoisie Galerie Frédéric Giroux.