À mi-parcours du sommet des chefs d’État et de gouvernement européens réunis à Bruxelles, Greenpeace dénonce la médiocrité des débats dominés par les égoïsmes nationaux. La Pologne, l’Allemagne et l’Italie n’ont à la bouche que la défense des intérêts de court terme de leurs industries, qui comptent parmi les plus polluantes d’Europe. Et la France peine à rattraper le manque de volontarisme manifesté depuis le début de sa présidence de l’UE.
« Tout ce petit monde réuni à Bruxelles n’a apparemment pas réalisé que se jouent aujourd’hui l’avenir économique et énergétique de l’Europe, ainsi que son statut international de leader en matière de lutte contre les changements climatiques, déclare Karine Gavand. Tel qu’il est parti, le paquet climat/énergie ne sera pas à la hauteur pour que l’augmentation des températures globales soit contenue en deçà de 2°C. Les discussions de marchands de tapis sont indignes et menacent de faire échouer la conférence des Nations unies de Poznan. C’est tragique. »
Les 30 % de réduction des émissions : ça n’avance pas d’un iota
Toujours rien qui contraigne l’UE à s’engager à réduire de 30 % ses émissions d’ici à 2020 en cas d’accord international satisfaisant. Or un tel engagement donnerait du poids à la délégation européenne présente à Poznan…
La mise aux enchères des quotas : le grand n’importe quoi
Deux grands secteurs sont soumis au marché de quotas : l’énergie et l’industrie (chimie, acier, ciment, etc.), responsables de près de 50 % des émissions de gaz à effet de serre européennes. « Côté industrie, l’exception est en train de devenir la règle : à force d’accorder des dérogations à tout le monde, seuls 4 % des émissions polluantes vont finir par être soumises aux enchères, autant dire rien du tout », commente Karine Gavand. Et côté énergie, les producteurs d’électricité de Pologne et des pays Baltes, grands consommateurs de charbon, pourraient obtenir une mise aux enchères très progressive : 30 % seulement dès 2013, et 100 % après 2020 !
L’Allemagne défend pied à pied la compétitivité de ses industries
Elle n’hésite pas à remettre en cause l’augmentation de la prime de solidarité qui serait accordée aux nouveaux États membres de l’UE pour les aider à respecter leurs objectifs. « Par ailleurs, deux critères justifient les dérogations accordées pour la mise aux enchères : la dépendance au charbon et le PIB. L’Allemagne fait pression pour que ne soit conservé que le critère du charbon, afin de pouvoir elle aussi bénéficier de d’une mise aux enchère progressive. C’est inacceptable », dénonce Karine Gavand.
L’aide aux pays en développement : la grande absente
Point sur lequel la délégation européenne est particulièrement attendue à Poznan : l’aide aux pays en développement (adaptation, atténuation, transfert de technologies). Or, avec la multiplication des dérogations, le revenu de la mise aux enchères des quotas fond comme neige au soleil et l’aide risque d’être réduite à peau de chagrin.
Le partage de l’effort de réduction des émissions
Le volet du paquet climat/énergie texte portant sur le partage de l’effort de réduction des émissions doit fixer des objectifs aux secteurs hors marché de quotas de CO2 (agriculture, transport, bâtiment, etc.), qui représentent à peu près la moitié des émissions de l’UE. « Le dernier projet d’accord, qui a circulé ces derniers jours, était déjà très mauvais : il stipulait que deux tiers des efforts de réduction de nos émissions pourraient être effectués hors du territoire européen, par l’achat de “crédits externes de compensation”. Aujourd’hui, on parle même de 80 % ! », reprend Karine Gavand.