Il tire une dernière fois sur sa clope, assis sur un banc, puis la jette un peu plus loin en regardant passer les gens. Le dernier plan des Inséparables est bref et somme toute assez ordinaire, mais a ceci d'émouvant que le "il" en question se nomme Guillaume Depardieu. Avant de nous quitter en octobre, l'acteur a beaucoup tourné, et le premier long de Christine Dory est l'avant-dernier film de Depardieu Junior (reste le thriller L'enfance d'Icare, dont la sortie n'est pas encore fixée).
Charmante comédie dramatique, Les inséparables donne l'occasion de voir Depardieu sous un jour légèrement différent. Légèrement, c'est le mot : s'il interprète comme souvent un homme un peu paumé, détruit par une addiction mais surtout accro à la vie, le traitement proposé par la réalisatrice rend tout beaucoup moins grave que sur le papier. Que l'on parle de mort, de drogue ou de trahison, Christine Dory offre une vision relativiste de deux existences compliquées mais belles avant tout. L'histoire d'amour de Boris et Sandra (Marie Vialle, la nouvelle Judith Henry) fait chaud au coeur, et même quand elle va lui acheter sa dose ou que la grâce des débuts laisse place aux premiers tourments, tout reste juste beau, presque réconfortant, parfois même très drôle.
On ne s'explique pas réellement la réussite de ce film en perpétuel équilibre instable, qui montre autrement les étapes d'un amour. C'est juste que Dory parvient à faire jaillir la vérité par petites touches, comme si de rien n'était, à l'image des nombreux dessins réalisés par le héros : ça ne paie pas forcément de mine, mais ça touche au coeur, avec profondeur mais sans lourdeur. On regrettera longtemps Guillaume Depardieu, capable de s'investir dans ce genre de projet apparemment anodin mais qui ragaillardit le spectateur et le cinéma français fauché. Chapeau.
8/10
(également publié sur Écran Large)