Le Conseil de la concurrence rendra le 17 décembre sa décision sur la plainte déposée en octobre par Bouygues Télécom contre Apple et Orange sur le monopole de commercialisation de l’iPhone obtenu par le n°1 des opérateurs français. Selon nos informations, les conclusions du rapporteur du Conseil, qui viennent d’être rendues, seraient favorables à Bouygues. Les acteurs du dossier se refusent à tout commentaire avant le prononcé de la décision.
Pour Bouygues - comme pour SFR, qui n’a pas déposé plainte -, l’enjeu est important: le très branché iPhone est le plus emblématique des smartphones, qui tirent un marché du mobile en voie de tassement. Selon l’institut d’études marketing Gfk, cité par Businessmobile.fr, “les smartphones vont mener la danse sur le marché français de la téléphonie mobile” en 2009. En valeur, leur part serait de 25% du chiffre d’affaires total, avec seulement environ 10% en volume de ventes.
Une très bonne affaire pour Orange
Orange, qui a obtenu l’exclusivité des ventes en France, n’a pas à s’en plaindre. L’opérateur verse à Apple, en plus de l’achat du téléphone, une “rente” de 10% du montant du forfait, ce qui permet à la firme à la pomme de gagner plus d’argent avec certains forfaits qu’avec le combiné. Même s’il est difficile de connaître les chiffres de rentabilité, en volume, le compte y est aussi pour l’opérateur.
Après des mois de silence, Orange a annoncé fin octobre avoir vendu 216 000 iPhone 3G en trois mois de commercialisation. C’était déjà plus que sur toute la carrière de l’iPhone première génération (150 000 en huit mois). L’exclusivité d’Orange court au moins jusqu’à novembre 2009.
Bouygues Télécom avait démarché Apple pour pouvoir commercialiser le téléphone. Le groupe américain avait donné son accord, mais… à condition que Bouygues vende l’iPhone avec des forfaits Orange, comme une “vulgaire” boutique de téléphonie multimarques! Bouygues n’a pas du tout apprécié, et a donc saisi le Conseil de la concurrence. Selon nos sources, les conclusions du rapporteur seraient “très favorables” à Bouygues. Mais elles peuvent ne pas être suivies par le Conseil.
SFR et Bouygues tentent de retenir leurs clients
En attendant, comme SFR, Bouygues continue de subventionner l’achat d’iPhone “nus” (sans forfait) par ses clients. A ceux qui menacent de partir chez Orange pour pouvoir profiter du joujou, Bouygues rembourse 460 euros pour un réengagement de 24 mois, sur le prix d’achat de l’iPhone seul chez Orange (609 ou 709 euros selon la version).
La procédure est chère et compliquée (il faut faire débloquer le téléphone par Orange pour la somme de 100 euros!), mais au final, le client se retrouve à payer le même prix que s’il était parti chez Orange, en conservant ses avantages liés à l’ancienneté chez un des deux autres opérateurs.
Orange cherche en tous cas visiblement à choyer ses clients: en août, une fronde d’internautes avait révélé que l’opérateur bridait le débit de son réseau 3G+ à destination des particuliers, en violation totale de ses conditions de vente. Depuis, l’opérateur a débridé le débit… mais seulement pour les possesseurs d’iPhone, et pas d’autres smartphones.
Début 2008, un cadre d’Apple n’excluait pas de renoncer à ce modèle économique basé sur des exclusivités nationales. “Apple n’est par marié avec le modèle de partenariat exclusif”, disait ce cadre, cité par ZDNet.fr.
Depuis le succès de la version 3G, l’”effet iPhone” - ainsi que l’ont baptisé les spécialistes - et la crise économique semblent avoir changé la donne. C’est la principale conclusion d’une conférence qui s’est tenue à Londres fin novembre: pour contrer la baisse de la consommation provoquée par la crise, les opérateurs devraient multiplier les accords d’exclusivité sur un même appareil, pour maintenir leur marge avec les services afférents.
Source : Confidentiels & indiscrets sur eco.rue89.com