« Nul ne sera soumis à la torture, ni à des peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants. » (Article 5 de la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme)
Bon, on sait tous qu'on est (très) loin de vivre dans le monde merveilleux des Bisounours, et que pour de vrai, la torture existe encore. Pis ! La vérité vraie, c'est qu'un certain nombre d'entre nous ("nous", le genre humain, quoi) la considère comme une sorte de mal nécessaire pour extorquer des informations censées permettre de préserver notre sacro-sainte sé-cu-ri-té. Et dans ce registre, l'inventivité de l'être humain n'a d'égale que sa capacité de nuisance.
Le jour du soixantième anniversaire de la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme susmentionnée (c'est-à-dire hier), j'ai appris au détour d'une dépêche Associated Press que des musiciens - notamment Massive Attack - dénoncent l'utilisation de leurs chansons comme arme de torture par l'armée américaine. Par la même occasion, je découvrais l'existence de cette pratique, autorisée en septembre 2003 pour "créer la peur, désorienter (...) et prolonger le choc de la capture". Charmant et raffiné, n'est-ce pas ? C'est idiot, mais ça m'a rappelé Orange mécanique (le livre, parce que le film, je ne l'ai pas vu et ne veux pas le voir) et la thérapie de choc que subit Alex... C'est troublant de penser que la musique peut aussi bien accompagner les révoltes que pousser au suicide.
Comme je suis dans un état proche de l'Ohio et que ça fait un bail que je n'ai pas écrit de billet, je suis totalement à court d'idée pour trouver une transition potable...
Un genre de pirouette élégante qui me permettrait - m'aurait permis - de passer ni-vu-ni-connu-j't'embrouille aux nouvelles qui nous viennent de Grèce et qui font frémir les honnêtes citoyens. La crise n'entraîne pas que la peur du chômage (redevenue la première préoccupation des Français, à en croire les instituts de sondage) ; elle provoque aussi la colère, ce que les patrons n'ignorent pas.
Un peu partout, la colère couve. Bientôt, elle grondera. Que l'on soit - c'est mon cas - résolument non-violent et pacifiste n'y change rien : à un moment ou à un autre, ça va péter. Ce moment pourrait bien arriver plus tôt que prévu, et peut-être même rencontrer une certaine approbation populaire, si tant est que les flammes de l'incendie ne montent pas trop haut dans le ciel...