20 Minutes et sa politique d’embauche

C’est l’histoire d’un mec… découverte sur Médiapart. Stéphane Alliès, ancien journaliste à 20minutes.fr, aujourd’hui chez Médiapart nous relate l’histoire incroyable de Hugo Lindenberg (@si aussi). Ce jeune journaliste est pigiste depuis plus de trois ans et travaille notamment pour Mediapart. Après deux semaines d’entretiens, il est retenu pour un CDD de trois mois au service Paris de 20 Minutes. Et là… “une illustration de ce que devient l’entreprise 20 Minutes, jusque là laboratoire médiatique innovant et incubateur de jeunes journalistes en devenir”, comme dit Stéphane Alliès.

“Au cours d’un entretien formel avec le PDG de 20 Minutes, Pierre-Jean Bozo, sont abordées les origines familliales et le passé militant du postulant. «J’ai été bête de répondre à ce type de question, mais franchement j’étais totalement en confiance. Je ne sais même plus comment on en est venu à mon passé politique, qui est quand même une blague», explique Hugo. Il dit alors avoir été membre du Mouvement des jeunes socialistes il y a 10 ans. Pendant deux mois, «avant d’en partir, vraiment pas séduit». Reparti «de très bonne humeur» de 20 Minutes, il pense alors commencer son nouveau travail dans quelques jours.”

Eh bien, que nenni, jeune homme. Vendredi, Corinne Sorin, directrice de la rédac’ de 20 Minutes, décroche son téléphone et hop…voilà le poste «gelé, pour des raisons économiques, en raison de la crise financière et de la pub». Incompréhensible pour la rédac, comme pour lui.

Et pourquoi cette décision ? Ohhh… le méchant Hugo “est devenu «un élément potentiellement perturbateur»”. La directrice de la rédac’ explique que «Pierre-Jean (Bozo) a mené son enquête sur Google et heureusement, car il a écrit un article en contradiction avec la ligne de 20 Minutes». Ce post semble favorable au mouvement des “antipubs”, ce qui a suffi pour tout arrêter.

Ledit article «est presqu’aussi humiliant que la décision de 20 Minutes, en fait», sourit Lindenberg. Il s’agit d’un exercice datant de 2004 à l’école de journalisme de Lille, sur un blog d’entraînement. «Un truc vite fait en dix minutes, explique-t-il, qui avait pour but de mettre le plus de liens hypertexte dans son papier». Un devoir d’étudiant qui se retrouve en cinquième position dans le moteur de recherche Google.

La Société des journalistes a répliqué à cette décision avec un communiqué interne (communiqué par Stéphane Alliès).

Interrogée par @si, Corinne Sorin s’explique :

“Oui, ce candidat n’a pas été retenu, comme d’autres avant lui et comme d’autres après lui ne le seront pas et oui, c’est un choix de la direction.” Et la directrice de la rédaction précise : “Si l’entrevue vise particulièrement à vérifier l’attitude et les compétences du candidat ainsi que d’échanger sur ses réalisations passées, vous conviendrez avec moi en toute honnêteté, que l’entreprise se doit aussi et surtout de vérifier les affinités avec lui et l’équipe en place, dont, bien évidemment, la direction. Et lorsqu’il est temps de prendre une décision en toute concertation, il est important de prendre en compte notre intuition générale.”

Mercredi dernier, lors de son appel à Hugo Lindenberg, elle lui signifiait aussi, selon le journaliste: «C’est dans ton intérêt et le nôtre que cela ne sorte pas dans la presse». Alors chuuuuttt….

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