La campagne pour les élections européennes n’a même pas commencé que certains pensent déjà aux élections régionales. Il faut dire que vraisemblablement et sauf report pour les aligner sur le renouvellement de la seconde moitié des conseillers généraux pour des raisons politiques ou économiques, elles se dérouleront en 2010.
Alors que se positionnent les partis, il est peut-être utile de rappeler qu’à l’enjeu politique, se rajoute le défi institutionnel et que pour faire, en Alsace, un bon Président de l’assemblée régionale, il faut d’abord aimer la région et l’institution.
Les élections de 2010 (ou 2011, si les consultations de la commission Balladur, ce Comité pour la réforme des collectivités locales, venait à impulser des changements rapides) seront importantes car elles mettront en place les élus en charge de l’évolution institutionnelle que les Alsaciens appellent de leur vœux : la fusion des Départements et de la Région.
Réformer l’Etat, pas les Régions
Là, s’il faut veiller à ne pas départementaliser la Région, il convient aussi de vraiment donner sa chance au régional et au local, ce, à l’instar de ce qui se passe dans l’ensemble des pays modernes d’Europe. On l’aura compris l’enjeu national est bien avant tout de réformer l’Etat plus que de révolutionner les régions.
Tout cela doit permettre de simplifier le mille feuilles administratif français, mais aussi de lui conférer un poids naturellement fort dans le domaine de la politique économique et sociale, mais aussi de l’emploi, de la formation et de l’orientation.
Là, l’institution régionale prend toute son ampleur, et ce plus particulièrement dans des zones transfrontalières comme l’Alsace où son évolution permettra de tisser des partenariats optimisés avec les institutions des cantons suisses ou des Länder allemands.
Par contre, on comprendra bien là que l’on ne peut d’un côté du col de Saverne promouvoir une réforme qui affaiblira l’institution régionale et de l’autre, de ce côté ci avancer des ambitions politiques contraires.
Décentralisation 2.0
On l’aura compris, avec la perspective souhaitable d’une institution unique, l’Alsace sera amenée à parler enfin d’une seule voix que cela soit avec ses voisins, mais aussi avec l’Etat. Là, la gouvernance régionale prend tout son sens et elle impose un homme ou une femme qui croit en l’institution, en son développement et qui soit en mesure de défendre les intérêts d’une région forte de ses territoires face à un Etat central toujours tenté par un jacobinisme intrinsèque.
Ce chantier de la décentralisation ou de l’expérimentation de la collectivité territoriale unique ne saurait donc s’imaginer sur la base actuelle de la confrontation permanente entre les intérêts départementaux, régionaux, locaux ou partisans ou corporatistes. Elle ne saurait non plus se penser sans une transparence totale et une foi dans le devenir du fait régional et européen.
De quoi alors, doter ses élus de poids et d’arguments pour aller, face à l’Etat, négocier autant une vraie subsidiarité que les moyens d’une véritable et profonde décentralisation.
Région leader et leader d’une région !
Face à la crise, aux crises financières, bancaires, économiques, face aux défis de la formation, il va sans dire qu’il faudra aussi savoir tenir la barre dans le domaine de l’économie pour insuffler et faire partager un fighting spirit créatif et positif à l’ensemble des acteurs alsaciens. Le temps est et sera à l’action ou à l’accompagnement de celle-ci. Ce point façonnera immanquablement le profil du futur chef de file régional.
Enfin, si sa taille et ses particularismes font de l’Alsace, la région type pour entamer la réforme institutionnelle qui fera de la France une République moderne et décentralisée, elles lui confèrent aussi un rôle leader dans la construction de l’Europe.
Là, aussi, l’institution régionale forte, incarnée par un porte-parole unique pourra enfin jouer son rôle dans le concert des régions d’Europe que l’on montre comme des exemples à l’instar de la Catalogne, du Bad Wurtemberg. Leader d’une région, le futur Président de l’institution n’aura alors pas d’excuses pour initier les réformes et évolutions qui permettront d’écrire une page active de l’histoire institutionnelle, économique, culturelle, sociale de l’Alsace. Leader d’une région, son futur président devra clairement et sincèrement aimer l’Alsace et souhaiter lui faire jouer un rôle important dans le concert des régions d’Europe.
Et s’il aime l’institution et s’investit sincèrement pour elle, il ne fait nul doute que la région et ses habitants lui rendront bien.
S.BOURHIS (ancien conseiller régional 1998/2004)