Ce matin, je me suis levé en me disant que j'allais me faire Marc V pour mon petit-déjeuner. Faut dire que j'étais un peu énervé. Inutile de dire pourquoi, ce n'est plus d'actualité - c'est con parce que j'avais trouvé un titre de billet qui me plaisait. Je crois que je vais au moins garder le titre.
J'ai renoncé à me faire le petit plaisir de croquer du Marc V quand j'ai réalisé que lui et Antoine B semblaient très potes. Or il me semble qu'Antoine B est un garçon tout a fait sympathique. Il n'y a au, me suis-je dit à l'oreille et dans un accès rare d'humilité, cune raison pour que la mauvaise opinion que j'ai de Marc V ne soit pas aussi mal placée - ai-je la faiblesse de croire et sans humilité aucune - que l'animosité que Marc V - cette couille molle - manifeste à mon égard.
Raisonnement un peu tordu s'il en est, puisqu'il peut également conduire à s'interroger sur les raisons qui me rendent tant sympathique cet Antoine B, lequel après tout pourrait bien faire la paire avec son ami Marc V.
C'est que le blogging devient une activité très particulière dès lors qu'on cesse de la pratiquer en solitaire. On est amené à faire des rencontres, à échanger sur tout un tas de vrais sujets avec tout un tas de vrais gens, jusqu'à parfois développer une certaine forme d'intimité avec certains - ou certaines - d'entre eux. Et s'il est parfaitement aberrant de qualifier de virtuelles de telles rencontres, il y manque quelque chose d'essentiel pour aller cependant jusqu'à prétendre qu'elles seraient tout à fait réelles.
Chacun aura sa propre opinion quant à ce qu'il y manque, je dirais que pour ce qui me concerne il s'agit du regard et du sourire. On ne connaît jamais tout à fait quelqu'un tant qu'on n'a pas eu l'occasion de le regarder dans les yeux et d'échanger avec lui un sourire, fut-il factice ou de convenance. Un visage, c'est-à-dire l'expression d'un regard et la faculté de sourire, en proclame plus sur une personne que tous les mots qu'on pourrait échanger avec elle. Du moins est-ce mon sentiment.
Mais cette absence est tout autant une richesse pout telles rencontres, leur spécificité. Aussi ai-je jusqu'à présent pris grand soin d'éviter toute perméabilité entre deux mondes qui forment en moi deux réalités différentes. C'est pourquoi je promène mon petit navire sur la grande Touale drapé dans un pseudo, non pas qu'il me rendrait anonyme - il est aisé à qui veut savoir d'apprendre que dedalus (sans majuscule) est Laurent Mann. Au contraire, le pseudonyme me binonymise (osons ce néologisme) : un nom différent pour chacune de mes réalités. C'est pourquoi, aussi, je me suis toujours refusé à participer aux petites sauteries entre bloggeurs - en outre, il m'a toujours semblé qu'il s'agissait essentiellement là d'assemblée d'hommes (très majoritairement) et que (je vous dis tout) j'ai beaucoup de mal à supporter les ambiances viriles.
Il reste que, par voie de conséquences, je ne connais pas Marc V - cette couille molle. Bien sûr, de même qu'il arrive que deux personnes qui se sont rencontrées sur l'internette finissent par copuler - et certaines poussent le vice jusqu'à faire ça devant leur maire -, il se pourrait parfaitement que rencontrant Marc V dans un bar j'en vienne à lui mettre un coup de boule - mais je vous l'ai dit, je déteste les ambiances viriles. Je ne peux néanmoins tout à fait exclure qu'Antoine B ait en vérité très judicieusement placé son amitié et que nous en venions tous ensemble à joyeusement nous taper virilement dans le dos en jouant à celui qui pisse le plus loin et MDR.
C'est pourquoi, chers lecteurs et chères lectrices, plutôt que de donner dans le règlement de compte imbécile, il m'est venu que c'était là très certainement l'occasion d'en terminer avec tout ça afin de retrouver un temps de cerveau disponible suffisant pour me consacrer avec peut-être plus d'efficacité à mon propre nombril - comme Ségolène R, en somme.
Nicolas J, qui est un expert en blogage, m'a récemment conseillé de n'être jamais avare en liens, parce que la logique de l'internette était de créer des passerelles et de former des réseaux. Je lui ai répondu que j'oubliais toujours.
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Source : Marc V est une couille molle