La curiosité de s'intéresser à une "discipline" qui fait généralement froncer les sourcils à cette génération pas vraiment auto-apprenante. Lagerfeld a peut être une centaine d'Ipod, mais il ne sait toujours pas comment les synchroniser à un ordinateur.
Aborder l'ère digitale donc, mais à sa manière, naturellement, sans chercher à en faire trop. Y apporter sa touche personnelle. Le surnom JC/DC, les visuels pixelisés, tout est équilibré, une robe en diodes LED ne surprendrait pas.
Les nappes bleeps du live de Man Like Me sur le défilé printemps/été 2009 semblent avoir été composées avec un jeu Game Boy de 1995 comme muse. C'est lui qui a choisi ce groupe, trouvé sur Myspace, ça ne s'invente pas. Les smiley nerdy omniprésents dans la collection automne/hiver ne sont pas anodins. Bientôt un imprimé LOL pour me faire plaisir? Autant de clins d'oeil qui reflètent une culture geek qu'on sent intégrée, digérée depuis longtemps. Pas de surenchère gratuite, juste des références bien cadrées, un vrai sans faute. C'est toute la force de Castelbajac: une thématique digitale inspiratrice, avec laquelle il est à l'aise, qu'il domine. Que ce soit pour un revival 90's, une démonstration de technologie, ou bien les deux à la fois, comme il l'a prouvé avec son excellent défilé Lego en animation, judicieusement baptisé "Spring/Summer 3001".
Cette inspiration/aspiration digitale se reflète aussi sur son site internet aux petits airs de Neen art façon Miltos Manetas, où l'outil web est encore une fois au service de sa créativité: très graphique, sans aucune contrainte. Et quand Google invite 4 artistes français à redessiner les skins des pages d'accueil IGoogle, JCDC est bien sûr de la partie.
Un univers digital réinventé, présenté sans prétention, de manière à le rendre abordable et attrayant. Le grand frère d'un Kanye West en quelque sorte, qui sous couvert de combinaisons fluokids nous a recemment invité à une séance de vocoder et de compositions à la TR-808. Finalement peu d'artistes de cette génération parviennent à allier une créativité sans limite avec cette lecture de la culture digitale à la fois futuriste et remplie de références, déjà presque nostalgique.
On attend donc forcément avec impatience les prochaines réalisations de JC/DC qui iront dans ce sens.La Pravda