Le « nouvel amendement » Marini sur la suppression d’avantages fiscaux pour les parents isolés une fois que les rejetons ne sont plus sur la même feuille d’impôts fait couler beaucoup d’encre… et de pixels, notamment sur mon annexe sur 20 minutes. Mon billet a en effet été propulsé en Une de www.20minutes.fr ce qui m’a valu près 2000 visiteurs… et j’ai du fermer les commentaires après avoir reçu une trentaine d’avis argumentés et répondu à tous ou presque.
N.B. : C’est incroyable la longueur des commentaires ! A un moment, j’étais plié de rire. Comme je n’étais pas d’accord avec un type, il me fait comprendre par un commentaire d’une cinquantaine de lignes que je ne suis qu’un névrosé… J’imaginais le type, tout seul, derrière son clavier pour cacher son anonymat s’exciter pour me démontrer que je suis fou et en faire une cinquantaine de lignes. Je vais lui donner un conseil. Abrège. Par exemple, « Pauvre con » aurait largement suffit et m’aurait évité de perdre mon temps.
Tous les arguments donnés sont plein de bonnes de foi, y compris par un excellent pote, de type : « tu te rends compte, les pauvres femmes, elles méritent bien un avantage, elles ont élevé un enfant toute seule ». C’est vrai. Mais bon. Une femme qui élève 4 gamins avec un mari handicapé mérite aussi un avantage. Tiens ! Mon copain Antoine a sa fille toute la semaine alors qu’il bosse de 4 heures à 14 heures et il la confie à la mère le week-end. Il n’a pas du mérite, lui (d’autant qu’avec ces horaires et sa fille, il ne peut pas aller au bistro) ? Il n’aura rien.
Je ne sais pas ce que cherche M. Marini avec son amendement. J’ai vu quelque part que l’autre amendement (sur les moins-values boursières), avait été retiré juste pour masquer celui là qui est abominable. En fait, je ne serais pas surpris d’apprendre que M. Marini ait déposé l’amendement uniquement pour apparaître pour un méchant et donner à M. Sarkozy la possibilité de le retirer pour montrer qu’il s’occupe des plus pauvres.
En l’occurrence, et Merci à Monsieur Poireau de nous le rappeler, M. Sarkozy avait promis d’augmenter les petites pensions de 25% : il est temps de s’occuper des vrais problèmes, dont fait partie le niveau des petites pensions, pas la fiscalité des parents isolés.
Chacun des arguments de mes aimables commentateurs est bon à recevoir mais avant de pleurer sur une enième attaque aux pauvres, il faudrait peut être ouvrir la calculette et se rappeler ce qu’est l’impôt sur le revenu.
L’Insee nous rappelle que le montant moyen des retraites des femmes est de 979€ par mois soit 11748€ par an (ce noble institut nous rappelle d’ailleurs qu’un homme touche près du double… ça n’est pas l’objet du billet, c’est dommage…).
Hop !
Quand on touche 11748 euros par an, on n’est pas imposable. La pauvre femme qui a élevé ses mômes toute seule n’est généralement pas imposable. Vous pouvez lui accorder 1265 parts, ça ne changera rien à son imposition.
La personne qui touchera le double de la pension moyenne serait pénalisée par l’amendement Marini d’une cinquantaine d’euros par mois. Elle a « fait » un enfant toute seule, elle le mérite sûrement… mais obtient un avantage de 600 euros par an par rapport à la même personne qui touche la moitié… Tiens ! Si elle gagnait encore le double (environ 4000 euros par an), l’avantage se monte plus de 2200 euros.
A force de s’énerver sur le mérite des pauvres gens, on oublie que l’impôt sur le revenu est progressif… et que toute réduction d’impôt favorise « exponentiellement » les plus hauts revenus.
Pour chaque bénéficiaire, pris individuellement, la suppression peut être considérée comme injuste (s’il est imposable)… En fait, tout avantage fiscal sur l’impôt sur le revenu peut être considéré comme juste. En tant que buveur de bière Française, je favorise l’industrie Française et encourage nos brasseurs. Je ne mérite pas une défiscalisation, pour ça ?
La veuve et l’orphelin… J’imagine Nicolas Sarkozy annonçant la suppression de l’amendement Marini, ce dangereux gauchiste : « Je ne vois pas pourquoi, une femme qui a trimé toute sa vie pour élevé son gamin toute seule, n’aurait pas le droit de conserver la juste déduction d’impôt qu’elle a obtenue, par son sacrifice, son abnégation, tout au long d’une vie de dur laveur, rentrant du travail pour donner à manger à ses enfants et les aider à faire leurs devoirs tout en économisant centime après centime pour leur acheter des chaussures neuves à Noël ? ».
Versons une larme.
Ca aura marché… Pendant ce temps là, Nicolas Sarkozy ne se sera pas attaqué à la faiblesse des petites pensions. Retraite moyenne d’une femme en France : 979€ ! L’opposition aura eu l’occasion de s’opposer, de faire croire qu’elle a gagné un débat et on se retrouvera dans un statu quo idiot.
Et on aura oublié que sur ces 979€, une bonne centaine aura été versée en TVA.
Arrêtons de défendre des réductions d'impôts sur le revenu... Par définition, il faut des revenus pour en profiter. Ce n'est pas parce qu'une niche fiscale impose le respect qu'il faut oublier de sortir la calculatrice.