Sarkozy dérape tout seul

Ces dernières 24 heures, Nicolas Sarkozy a subi quelques revers, par ci par là. Deux d'entre eux frappent encore les esprits, dans tous les journaux (sauf le Figaro), sur toutes les télévisions (même à TF1): le traitement réservé à Rama Yade et la réforme de l'audiovisuel public.
Rama Yade d'abord. Elle a donc subi les foudres présidentielles pour avoir refusé de se présenter aux prochaines élections européennes. Le zélé Roger Karoutchi, sous-secrétaire d'Etat à la manoeuvre parlementaire, a rappelé les règles de fidelité au sein du clan Sarkozy: «Lorsqu'on fait partie de l'équipe du président de la République, lorsqu'on a été choisie par le président de la République, si dans la stratégie politique pour conduire des batailles on a besoin de vous, il faut y aller»
Le jour même du 60ème anniversaire de la déclaration des droits de l'Homme des Nations Unies, Bernard Kouchner a ensuite exécuté symboliquement sa jeune secrétaire d'Etat: "Je pense que j’ai eu tort de demander un secrétariat d’Etat aux droits de l’homme. C’est une erreur. Car il y a contradiction permanente entre les droits de l’homme et la politique étrangère d’un Etat, même en France." Puis la presse a confirmé que Sarkozy l'excluait du prochain remaniement ministériel. Son secrétariat risque donc d'être supprimé.
Rama Yade a effectivement souffert de l'abandon en rase campagne des promesse éthiques et humanitaires du candidat devenu président. La France ne serait pas la France sans la Droits de l'Homme" a-t-elle répondu mercredi soir aux propos peu amènes de son ministre de tutelle. En Sarkofrance, les ministres s'engueulent sur la place publique.

Sur la télévision publique, la réforme frise le fiasco parlementaire et politique. L'audiovisuel public après la réforme ressemblera à son modèle des années 60, l'ORTF: pas de pub, des présidents nommés en Conseil des Ministres, un "carnet à points" jugeant de la bonne tenue des émissions. Mercredi 10 décembre, Nicolas Sarkozy a décidé de s'exprimer. Il était resté étrangement silencieux depuis ses annonces personnelles de janvier dernier:

"Je ne veux évidemment pas contrôler la presse mais personne après moi ne reviendra sur la suppression de la publicité et sur la société unique"

Recevant des députés UMP à l'Elysée, le président français a dû s'expliquer: "Je ne veux évidemment pas mettre la télévision à ma botte. Je ne suis pas naïf."
Nous non plus.&alt;=rss