Un article dans Lavoixeco.com vient illustrer mon propos en reprenant le témoignage d’un client mystère. Extrait choisi :
«Pour moi, tout a démarré il y a 14 ans, se rappelle Élisabeth. J’étais commerçante. Une connaissance réalisait des enquêtes comme client mystère pour un cabinet spécialisé. J’ai voulu essayer. On m’a testée. Je suis restée. C’est comme ça que j’ai commencé à travailler pour Presence mystery shopping, à Villeneuve-d’Ascq. » Sa première mission, Élisabeth s’en souvient, évidemment : « Je devais visiter les restaurants d’une chaîne nationale, choisir le même menu et noter l’accueil, le service, la tenue, la propreté... Quant aux plats, je me contentais de préciser s’ils étaient servis à la bonne température. » Employée d’abord pour des missions ponctuelles, Élisabeth est aujourd’hui cliente mystère à temps plein, au rythme de trois à quatre cents kilomètres par jour et cinq sites visités.
Elle se fait un jour appeler Madame Dupont, un autre Madame Martin, le tout au gré des cartes de fidélité qu’elle remplit ici et là, au gré surtout de son imagination.
Et puis il y a ces tenues dans sa voiture. Jusqu’à trois différentes par jour. Histoire de brouiller les pistes. D’éviter d’être démasquée. Sa hantise. Car un client mystère, forcément, ça doit le rester... Et quand il s’agit de faire des photos ou de filmer incognito dans une galerie marchande, ça n’est pas évident !
« C’est un vrai métier !, insiste-t-elle. Qui exige de la rigueur, de la disponibilité, de la discipline. Et puis beaucoup de mémoire : pas question de prendre des notes dans un magasin ou d’y passer plus de temps qu’un client moyen. Ça deviendrait suspect ! » À ceux que le métier attire (ils sont nombreux à trouver séduisant d’être payé à faire du shopping ou à manger au restaurant), Élisabeth tient à rappeler que la fonction peut permettre de vivre correctement, c’est tout. À condition de tenir le rythme et de renvoyer ses rapports, les plus précis possibles, dans les délais. « Il y a un vrai travail derrière, à la maison ! On n’en a pas forcément conscience. » Bien sûr, partir une semaine en croisière aux frais de la princesse – ça lui est arrivé une fois –, entretient le mythe du métier de rêve.
Il n’y a rien de magique. Le métier de client mystère démarre par des missions ponctuelles. Par la qualité de son travail, son assiduité et son endurance, un client mystère amateur peut devenir un vrai client mystère professionnel.