Dans ses déclarations récentes, Xavier Bertrand a affirmé qu'un employeur qui refuserait une embauche parce qu'un salarié ne veut pas travailler le dimanche serait sanctionné, car il s'agit d'une "discrimination". Il est normal qu’un employeur désirant ouvrir son ou ses magasins le dimanche s’assure qu’il disposera bien du personnel nécessaire pour le faire. Il veillera donc à embaucher en priorité des employés acceptant de travailler le dimanche. Notre ministre est-il à ce point candide pour s’imaginer qu’un employeur refuserait un candidat en arguant que celui-ci ne serait pas disposé à travailler le dimanche ? Il faut vraiment tout ignorer du monde du travail, un comble pour son ministre, pour ne pas savoir comment s’écrivent souvent les réponses négatives aux demandes d’emploi : « Cher Monsieur (ou Madame), Nous avons le regret de vous informer que nous n’avons pu retenir votre candidature car votre profil ne correspondait pas au poste que nous avons à pourvoir. Nous conservons cependant votre dossier pour le cas où se présenterait une opportunité mieux adaptée à vos compétences ». Et voilà le travail, si j’ose dire.
Indépendamment du cas de l’embauche, un salarié sera bien sûr libre de refuser le travail dominical mais, pour cela, il lui faudra précisément refuser et, de la part d’un salarié, c’est une attitude qui n’est jamais appréciée. Le refusnik porte alors la marque de Caïn. Ingénieur débutant, je travaillais dans une usine sidérurgique lorsqu’éclatèrent les événements de mai 68. Les cadres se réunirent et, suite à un vote, décidèrent de ne pas faire grève. Le lendemain, l’usine était occupée et inaccessible aux cadres. Tous les ouvriers, grévistes ou non, ne perçurent pas leur salaire tandis que les cadres, bien qu’absents de leur poste par la force des choses, furent payés normalement. Un de mes collègues ingénieurs se déclara gréviste, ce qui consista pour lui à refuser son salaire. On ne le lui pardonna jamais et il quitta bientôt l’entreprise.
D’ailleurs, il le sait bien, Xavier Bertrand, qu’il est préférable de ne pas s’opposer à son patron, lui qui, comme la plupart de ses congénères ministres, applaudit servilement la moindre des initiatives de son souverain. Par contre, les chefs d’Etat ou de gouvernement n’ont pas à prendre de telles précautions. Regardez plutôt ici, comment le Président Medvedev, devant lequel notre Président, oubliant ses alliés, s’est déjà aplati, s’amuse à le singer. Bernard Tapie reprend au théâtre le rôle de Louis de Funès dans Oscar. C'est une légère erreur de distribution. Nicolas eut été meilleur et surtout, plus à sa place qu'à l'Elysée.