La
commission de discipline de la Ligue Nationale de Rugby vient de
délivrer un verdict à la fois attendu et décevant pour tous les
défenseurs de Marius Tincu. En effet, n'écoutant que son courage
qui ne lui disait rien, la LNR a accepté de ne pas dissocier la
sanction prise par l'ERC de suspendre le talonneur Roumain de
l'USAP pour 18 semaines. Celui-ci sera donc éloigné des terrains du
Top14 jusqu'au 10 mars prochain.
En premier lieu, on peut s'interroger sur l'intérêt pour la Ligue d'avoir repoussé l'audition puis le verdict relatif à cette affaire, puisqu'aucune décision n'a été prise qui modifie la situation du joueur catalan. Certaines mauvaises langues pourraient y voir une façon un peu hypocrite de traiter l'affaire en temporisant et en misant sur le désintérêt médiatico-populaire en cette période de Noël troublée par la crise financière...
En tout cas, le verdict n'a pas, loin s'en faut, calmé la colère du joueur et de ses dirigeants. Et l'on se dit qu'à n'avoir pas voulu faire bouger les choses, la LNR va peut-être provoquer de sacrés remous dans le Landernau rugbystique.
En effet, à l'annonce de la "décision" de la commission, Marius Tincu a déclaré qu'il était "déterminé à aller jusqu'au bout pour clamer son innocence". Cela signifie qu'il va saisir le Comité national du sport olymique français (CNOSF) pour tenter d'obtenir une conciliation visant à l'autoriser à disputer le Top14. En cas d'échec, l'USAP pourra déposer un recours devant un tribunal administratif.
Parallèlement à cette procédure qui concerne la décision de la Ligue, l'USAP a engagé une procédure devant le TGI de Perpignan, contre l'ERC. L'objectif est de contester la décision de l'instance européenne (entreprise privée, rappelons-le) qui empêche Marius Tincu, travailleur de l'Union Européenne, d'exercer librement son métier. Voilà qui fleure bon l'arrêt Bosman, même s'il ne s'agit pas tout à fait de la même situation.
A force de jouer avec les nerfs des clubs Français, l'ERC a fini par provoquer une colère sans commune mesure avec les précédents différends ayant opposé les équipes de l'hexagone à l'instance européenne (comme l'année dernière avec la sanction ayant frappé le Clermontois Alexandre Audebert). Car aujourd'hui, l'USAP est déterminée à en finir avec le principe de non dissociation. Et ce par tous les moyens légaux.
En cas de succès de la procédure, on assistera à un phénomène sans précédent : celui de la remise en cause de la toute puissance des instances rugbystiques internationales.
On n'en est pas encore là. Peut-être l'ERC trouvera-t-elle les
arguments de nature à faire revenir l'USAP sur sa décision.
Perpignan a sans doute beaucoup à perdre dans ce dossier. Mais le
Catalan est fier. Et il a horreur qu'on se moque de
lui...