A 60 ans, on commence à confondre... en France

Invitée du "Talk Orange-Le Figaro", Rama Yade la malmenée du jour, (future-ex?) secrétaire d'état aux droits de l'homme dans un gouvernement dans lequel son discours ne trouve pas beaucoup d'écho (alors qu'il en trouve auprès des populations et des associations et ONG auprès desquelles elle s'exprime) a déclaré :  "A l'étranger, on nous voit comme le pays des droits de l'Homme. Ce privilège-là, il doit être préservé".
 
Sûre? Il doit y avoir un décalage avec la vision de pas mal de personnes alors... Et pas seulement à l'étranger... Sur place, on n'est pas forcément dupe. (A moins que Brice Hortefeux, Rachida Dati ou surtout Nicolas Sarkozy entre autres, ne parlent et n'agissent en langage codé, auquel cas je supprimerai ce billet).
La France est-elle le pays des droits de l'homme?
 
C'est ce qu'on dit souvent, confondant effrontément l'initiative avec l'action réelle... Il est toujours plus facile de lancer des grandes idées, des valeurs et des belles promesses que de les tenir, et en "vertu" d'un "pragmatisme" à toute épreuve, on dénature sans cesse les mots et on brandit son arrogance pour faire passer les droits du plus fort au détriment du droit de l'humain.
 
Il semble que certains lisent le préambule de la déclaration universelle des droits de l'homme à leur manière.
Quand on lit  :

"La présente Déclaration universelle des droits de l'homme comme l'idéal comun à atteindre par tous les peuples et toutes les nations afin que tous les individus et tous les organes de la société, ayant cette déclaration constamment à l'esprit, s'efforcent, par l'enseignement et l'éducation, de développer le respect de ces droits et libertés et d'en assurer , par des mesures progressives d'ordre national et international, la reconnaissance et l'application universelles et effectives, tant parmi les populations des Etats membres eux-mêmes que parmi celles des territoires placés sous leur juridiction"

d'autres comprennent ces voeux comme ceux d'un rêve... pieux... mais nocture et auréolé d'intentions purement conceptuelles ... L'idéal irréel, inacessible, loin des "réalités quotidiennes" de la racaille à soigner au karcher et à l'endettement. L'idéal vue comme le fruit de la dualité qui existerait entre le monde où l'on gagne plus et le monde où l'on comprendrait et vivrait mieux.

Et pourtant, il existe bien une Cour Européenne des droits de l'homme qui loin de voir cette déclaration comme un rêve, la considère comme un texte fondant les critères juridiques permettant de juger les actes en rapport avec ces valeurs communes de l'humanité, qui ne doivent pas être bafoués, dans le but d'assurer une mondialisation vécue dans la paix.

Cette déclaration est universelle : René Cassin a insisté suffisamment sur l'insertion de ce mot dans le titre du texte parce que ces droits sont fondamentaux pour l'humain, et non pas pour des citoyens différenciés selon leur pays de résidence. Cette logique universaliste ne prend pas en compte les "spécificités" liées aux contextes nationaux, non, elle protège les victimes avant tout.

Paix, liberté d'expression, de pensée, croyance, opinion, la dignité, le respect de la vie privée,  la présomption d'innocence et LE PROGRES SOCIAL.

Tout le contraire des clivages instaurés entre les personnes méritantes et les non-méritantes, le contrôle des médias et des blogs, le fichage généralisé mentionnant les croyances et activités politiques, les condamnations rapides, l'emprisonnement dans des conditions effroyables, la ghettoisation, la négation du social, etc etc etc...

On pourra toujours dire qu'il y a pire ailleurs ou autrefois... Mais les signes ne trompent pas... Les projets qui tendent à ne pas prendre en compte l'universalité des droits humains conduisent à la domination du plus fort. Je suis d'ailleurs entrée au MoDem sur le discours de Bayrou qui défendait en regard de cette aberration un véritable "droit du plus juste".

Pour retrouver le texte de la "Déclaration de Jean-Paul Costa, Président de la Cour européenne des droits de l’homme, à l’occasion de la Journée mondiale des droits de l’homme et des 60 ans de la Déclaration Universelle des droits de l’homme", cliquez!

Et puisqu'on ne peut séparer idéal et réalité, ne rejeter aucun des deux pour les intégrer dans l'universalité de nos valeurs, je vous propose la vidéo de l'un des témoins-rédacteurs de cette déclaration, qui aborde la problématique des droits de l'homme à l'heure du terrorisme et de la protection de l'environnement. 3.47 minutes seulement, qui valent vraiment le coup... (d'ailleurs, ses livres aussi...)

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