Les photographies de Mimmo Jodice montrées à la galerie Karsten Greve jusqu’au 3 janvier, sont, pour la plupart, des revisites du passé, des tentatives de redonner vie aux formes antiques. La mise en scène de ses photos, ses éclairages, ses effets de flou et de vitesse, la vibration étrange qu’ils induisent dans notre regard, ont tous pour objectif de revivifier ces ruines et ces statues, de leur insuffler une nouvelle vie, de leur redonner une âme, une histoire, une présence. Ainsi du premier plan mouvant et sidéral de la Nécropole de Petra (1994).
Non point que Monsieur Jodice ne soit un très grand photographe, mais ces efforts théâtraux, un peu grand-guignolesques parfois (
Athlètes Villa des Papyri, 1985), détruisent toute authenticité : tout est sur-joué, on veut mettre là trop de sens, trop d’histoire, au lieu de faire preuve d’humilité. Autant je me souviens que les photographies d’antiquités mésopotamiennes de
Christian Milovanof créaient un supplément d’aura, autant celles-ci me semblent sacrilèges, inauthentiques.
Heureusement, après les antiques, on peut errer dans les salles de cette galerie labyrinthe et découvrir d’autres séries, d’autres représentations méditerranéennes. Les paysages que nous offre Mimmo Jodice sont dépouillés, purs de toute trace humaine, comme au premier matin du monde, d’une beauté à couper le souffle (
Dormiente a Trentaremi, 2000).
Un peu plus loin, on reste bouche bée devant ce jeu de lumière sur un tableau (ou une tapisserie) avec l’éclat brillant du flash qui efface le motif, le noyant dans la lumière (
Marseille, 1986). Je ne sais qui, de Jodice ou de
Silvio Wolf, a le premier développé cette idée, mais cette seule photo interroge bien davantage sur la représentation, sur la manière dont la photographie rend compte et transforme, débat bien connu, bien mieux que les mises en scène d’antiques du début de l’exposition.
Photographies courtoisie de la galerie.