"Lorsque l'enjeu atteint un tel degré de gravité, lorsqu'il engage le futur de notre société et les rouages de la démocratie, il convient de ne pas mâcher ses mots. désormais dès le lundi 5 janvier 2009, si rien n'est fait, le président de la République Nicolas Sarkozy exercera une emprise sans partage sur la quasi-totalité des chaînes de télévision et des stations de radio. Directement ou insidieusement, il sera aux commandes...
Dans notre démocratie, le paysage audiovisuel n'était déjà pas idyllique. Nicolas Sarkozy se conduit déjà en maître de maison à TF1, la chaîne de son ami Martin Bouygues; chez lui dans les colonnes du Figaro, le quotidien de son ami Serge Dassault; chez lui dans les studios d'Europe 1 et à Paris Match , les fleurons de son ami Arnaud Lagardère; chez lui sur Direct 8, la chaîne de son ami Bolloré...et demain ?
Demain il sera aussi chez lui sur France2, France3, France4, France5, France O, France Inter, France Culture, France Info, France Bleu...Chez lui partout! ... Il pourra faire servir aux français l'information comme les programmes qui l'arrangent! On dramatise? Nous ne dressons hélas qu'un constat d'huissier.
Dans quel autre pays ( on songe évidemment aux Etats démocratiques), le chef de l'Etat peut-il désigner, seul les PDG de l'audiovisuel public et les révoquer, quand bon lui semble avant même la fin de leur mandat? Dans la Russie de MM Poutine et Medvedev peut-être... Même l'italien Berlusconi n'envisage pas d'aller aussi loin. Dans quelle autre démocratie le chef de l'Etat dispose par le biais du financement du droit de vie et de morts sur ces même chaînes publiques, Dans quelle autre démocratie, l'exposé des motifs de la loi, qui va définir l'architecture du service public audiovisuel, prend-il la forme d'une grille des programmes quasi complète où tout est calé à l'avance, les fictions , les documentaires, les horaires, la ligne éditoriale? Nulle part. Or c'est bien le socle légal que vont nous imposer le président de la république et sa majorité: un univers audiovisuel entre les mains, à la merci d'un seul homme...
A quoi bon se libérer d'une dictature , celle de l'Audimat, pour se livrer pieds et poings liés à une autre sujétion, celle d'un pouvoir politique installé à l'Elysée! Le président ose affirmer que le projet organise des contre-pouvoirs. Mais quels contre-pouvoirs?
Le Conseil Supérieur de l'Audiovisuel? Alors que le CSA devrait se rebeller contre un projet qui lui ôte ses principales prérogatives, il approuve avec pleutrerie? ...
Car il s'agit bien d'une formidable régression que le parlement s'apprête à voter en toute impunité, en toute inconscience aussi. Car à ce jour rien n'indique que le financement des chaînes publiques sera perennisé. Ainsi les budgets seront-ils laissés au bon vouloir du prince et de sa cour.
Nous assistons, pour l'instant sans réagir, à un hold-up. Alors, rappelons au moins quelques principes: n'en déplaise à Nicolas Sarkozy et son porte-flingue UMP, le député Fréderic Lefevre, France Télévision et Radio France n'appartiennent pas à l'Etat encore moins à ceux qui exercent le pouvoir politique. La télévision et la radio publiques appartiennent à tous les citoyens qui en assument, pour une bonne part, le financement à travers la redevance.
L'indépendance de la presse et le pluralisme de l'information... ces deux piliers de la démocratie sont en danger: la télévision et la radio publiques s'apprêtent à passer sous la coupe de Nicolas sarkozy sous les applaudissements des "amis" du monarque, TF1 en tête!
Il y a donc urgence à agir et à réagir...pour empêcher ce qui s'apparente à une forfaiture démocratique."
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