Sauver le soldat Rama YADE?

Publié le 10 décembre 2008 par Danielriot - Www.relatio-Europe.com
Le clin d'oeil de DanSolal En Sarkozye, quand le Président-monarque « lâche » une favorite ou un favori, la Cour se déchaîne et se fait plus Sarkosiste que Sarko. Qui défend Boutin, l'atypique aujourd'hui. ? Silence radio et sourires en coin... Qui prend la défense autrement que par de belles formules de politesse Rachida Dati ? Les amis de mes amis ne restent mes amis que lorsque 'l'Hyperactif les garde parmi ses amis... Cible du jour : Rama Yade, riche de talents et pleine de promesses comme les gazettes disaient lors de sa nomination,  qui est victime de toutes les attaques à commencer par celles de son ministre, le bouillant Bernard Kouchner qui, tout en vantant la générosité des engagements de celle qui a dit récemment qu'elle « n'était pas une ONG » regrette d'être à l'origine du secrétariat d'Etat présenté lors de sa création comme une « innovation majeure », comme l'un des symboles de la volonté de refaire de la France « la patrie des droits de l'Homme », comme le signe d'une « vraie rupture » avec la « Francafrique »....
Faire un tel coup, par « le Parisien » interposé, au moment où la France doit se souvenir que la déclaration universelle des droits de l'Homme à été signée à PARIS en 1948 relève au moins d'un manque de tact. Explication : Kouchner ne supporte Rama Yade depuis des mois. Parce qu'elle est souvent naïve et surtout parce qu'elle n'a ni la formation ni l'information suffisante pour éviter de faire une série de boulettes qui ne pardonnent guère dans les milieux diplomatiques...
Jean Ziegler (au Club de la presse de Strasbourg, aujourd'hui) n'y va pas par quatre chemins : « Cette dame a sans doute des qualités mais elle ne représente pas la France d'un façon digne. Elle n'est pas crédible. Elle aurait pu travailler plus ses dossiers et apprendre qui fait quoi dans les instances internationale »
Kouchner s'est longtemps retenu de toute remarque publique, mais il s'est laissé aller dès qu'il a senti que l'Elysée est aussi de plus en plus irrité par le très jeune secrétaire d'Etat. Or Rama a décliné l'offre (qui était un ordre) de se présenter aux prochaines élections européennes en donnant une explication qui ne manque pas de sel. Elle ne se sentait pas suffisamment mûre pour bien remplir les fonctions d'europarlementaire ! Belle humilité ou lucidité qui serait plus convaincante si, dans le même temps, elle ne prétendait pas prendre la suite de Jean-¨Pierre JOUEYT au demi portefeuille ministériel des affaires européennes...
Je sais que Rama compte quelques amis exigeants qui l'apprécient beaucoup (comme Bernard Henri Lévy), mais là je dois dire que la grande prêtresse des Droits de l'Homme (à l'extérieur mais pas en France !!!) a de curieuses estimations de ses champs de compétence...
Où Kouchner a raison, bien sûr, c'est de dire que ce n'est pas un secrétariat d'Etat aux droits de l'Homme qui fonde sur une diplomatie... « Il y a contradiction permanente entre les droits de l'homme et la politique étrangère d'un Etat, même en France (...°) « Cette contradiction peut être féconde mais fallait-il lui donner un caractère gouvernemental en créant ce secrétariat d'Etat ? Je ne le crois plus et c'est une erreur de ma part de l'avoir proposé au président (...) L'important, c'est d'agir" tout en sachant qu'on "ne peut pas diriger la politique extérieure d'un pays uniquement en fonction des droits de l'homme. Diriger un pays éloigne évidemment d'un certain angélisme. » Kouchner a pourtant lu Raymond Aron qui disait que « les droits de l'Homme ne font pas office de politique »
Jean Ziegler commente : « C'est le vieux problème de la raison et de la déraison d'Etat et des bonnes intentions, du réel et de l'idéal. Sur des cas précis, je peux juger que Bernard Kouchner fait beaucoup pour concilier l'inconciliable. Mais la politique étrangère de la France ne se fait pas au Quai d'Orsay : Elle se fait à l'Elysée. Comme l'ensemble de la politique française...».

Cela dit ce matin, Rama Yade (à qui Kouchner, en galant homme, adresse les plus beaux compliments pour ce qu'elle est et ce qu'elle a fait) a réagi avec panache lors d'une remise de prix à des ONG à Paris :
« Certes, personne n'est assez naïf pour croire que la politique étrangère se construit uniquement sur des valeurs Mais la France n'a pas renoncé à être la patrie des droits de l'homme. Les Français savent que les droits de l'homme servent à quelque chose et vous savez qu'on ne construit jamais rien sur le renoncement ni le sacrifice des valeurs ni des principes ». C'est beau, non ? Un exemple parmi d'autres de ce que Ziegler appelle « la schizophrénie occidentale » face aux droits de l'homme...

Elle a ajouté à l'adresse des ONG: « Vous en trouverez toujours pour renoncer à ce beau combat. Ceux-là ont le droit d'être dans le renoncement, je suis prête avec vous à reprendre le flambeau car, avec le président, nous restons à vos côtés (...).L'art diplomatique n'est pas seulement de régler des rapports de force et d'intérêt ». Et vlan pour Kouchner, jamais cité (et titulaire d'un prix Nobel de la paix attribué à MSF)
Dans un entretien à METRO, elle défend son bilan : « En dix-huit mois, j'ai fait beaucoup de choses (...) J'ai par exemple fait adopter par l'Union européenne un projet de lignes directrices contre les violences faites aux femmes ». Précision ce plan était inscrit dans la suite logique de la campagne du Conseil de l'Europe relayée par l'Union.
« J'ai également fait rallier dix-sept pays à la cause des enfants soldats pour que des mesures concrètes y soient prises contre leur recrutement », Cela c'est incontestable. Même si cela aussi est dans la suite logique de la campagne du Conseil de l'Europe sur l'Europe des enfants.
« A la fin du mois, je vais lancer à l'ONU un appel universel pour la dépénalisation de l'homosexualité. Une soixantaine d'Etats vont nous rejoindre » Vrai.
« Tous ces chantiers en si peu de temps ont permis à la France de montrer son rôle leader sur la question des droits de l'Homme et d'être suivie par d'autres Etats » En la matière, mais ce n'est pas de sa compétence, la France devrait d'abord suivre les recommandations du Conseil de l'Europe sur l'état de nos prisons, sur nos centres de rétention, sur la lenteur de la Justice, sur la liberté de la presse... Etre « leader », c'est être « modèle ».

Le ministre Kouchner et sa secrétaire d'Etat se retrouvent aujourd'hui cote à cote dans des cérémonies commémoratives du 10 décembre 1948. Que personne n'ose sourire... Les cérémonies de ce type sont des grand' messes laïques. Pendant l'Office, on est sérieux, donc on tait ses doutes, ses critiques et ses envies de rire ou de hurler. D'ailleurs, rama Yade, Kouchner dit « l'aimer » et la « respecter »...Tout va donc pour le mieux dans le meilleur des mondes. Pourquoi les Gazettes s'intéressent-elles à ce point à la vie de la Cour ? Kouchner ne donnait « son opinion personnelle » sur une « question de structure », pas sur « une personne ». Nous avons donc une fois de plus mal compris...C'est vraiment un métier, la communication...
DanSolal

  • La biographie officielle de Bernard Kouchner
  • Le site du ministère des Affaires étrangères
  • Le site du Secrétariat d'Etat aux droits de l'homme
  • La biographie officielle de Rama Yade
  • La déclaration universelle des droits de l'homme
  • Les fondements du droit international relatif aux droits de l'homme
  • Les droits de l'homme sur le site de l'ONU
  • Une fiche sur la journée des droits de l'homme sur le site de l'ONU