Fondation Chirac et programme Sorosoro par Teaki
Les Nations Unies ont déclaré l’année 2008 année Internationale des langues. Nous parlons environ 6000 langues de part le monde. D’après l’Unesco, d’ici à la fin du 21ème siècle, seulement la moitié ou peut-être seulement 10% de ces langues survivront.
La diversité culturelle repose sur la diversité des langues.
La Fondation Chirac emploiera des moyens aussi simples que volontaristes :
• Rester ouvert et utiliser les médias, la télévision, l’Internet
• Encourager la création contemporaine artistique
« Là où est ton trésor, ton cœur demeure »
Cela recouvre une tendance générale et sans doute générationnelle de donner du sens à notre évolution. Ce sens repose aussi dans la permanence des cultures premières, leur vivacité, leur autorité. La langue nous suit, nous transmet ce que les anciens ont pensé, aimé, rêvé.
Nous marchons mais quel monde ? Nous voulons emmener avec nous les mots, les rites, se les approprier, les faire vivre. La culture première n’est pas contraignante. Elle invite, enrichit, pousse à l’échange entre le passé, le présent et l’avenir, les anciens et les plus jeunes, les différents savoirs.
Pour réussir cet idéal, il faut aussi montrer ce que chacun gagne concrètement à fournir l’effort de mémorisation, d’apprentissage, de perfectionnement de la langue.
Appartenir et faire vivre une communauté (difficiles racines dans un monde Tohu-bohu)
Au Musée du Quai Branly, j’ai retrouvé avec joie Rigoberta Menchu Tum, Prix Nobel de la Paix, marraine du Forum d’Alternativechannel.tv à Barcelone le 30 avril dernier. La petite grande dame a parlé avec son cœur, remercié Jacques Chirac de l’admettre dans ce rêve. La petite larme de la femme qui lutte et qui peine. Dans sa bouche, le mot Winaq, qui signifie en Ki’che (l’une des 30 langues mayas) « l’être humain intégral ». Pour Rigoberta, le développement est durable s’il respecte et aide les langues à vivre. En respectant la diversité des langues, leur richesse, l’homme respecte son rythme, le temps humain et évite de se laisser embarquer dans un monde pratique parce qu’uniforme, efficace car monolingue voire monolithique.
Rozenn Milin, directrice du programme Sorosoro, rappelle les faits importants : 96% de la population mondiale parle 4% des langues et inversement, 96%des langues sont parlées par 4% de la population mondiale. Une langue est donc parlée en moyenne par mille personnes…Rozenn Milin défend avec une belle ferveur la diversité des langues aussi importante que la diversité biologique. Ces diversités subissent les mêmes affronts : regardez la carte de la déforestation, superposez celle des langues en danger…La similitude est surprenante.
L’ancienne Directrice générale de TV Breizh est percutante : 90% des langues vont disparaître et souvent par suicide linguistique. Les parents refusent par honte, peur, de transmettre leur langue. Il s’agit dans bien des cas de retrouver sa langue ancestrale qui n’est pas sa langue maternelle. En effet, nombreux sont les peuples dépossédés de leur langue
Teaki est écrivain, chroniqueuse et chef d’entreprise. Originaire de Polynésie française (Iles Marquises), née au Sénégal, elle a beaucoup voyagé en Afrique, en Asie et travaillé au Japon.
Teaki livre sur le blog d’Alternativechannel.tv son point de vue pragmatique et sortant de sentiers battus sur le social-capitalisme. (Lire aussi www.teaki.net)