Ce n'est pas la première fois que je vous convie dans l'univers musical de Thomas Fersen par les images, et plus particulièrement grâce à une série de 3 albums qui s'ouvrait avec le très singulier Dugenou (se reporter ici, pour s'en souvenir).
La belle aventure s'est poursuivie avec Croque : l'histoire d'un croque-mort mélancolique, qui aime les croque-monsieur, et qui mange comme quatre et boit comme un trou. Mais à côté du cimetière, il a son jardin secret où il a planté des pommes de terre, cela lui réchauffe le coeur, lorsque pendant un enterrement son estomac pleure et son ventre glougloute, il pense à son festin de pommes vapeur et à son court-bouillon. Et ainsi se boucle la complainte du croque...
Je n'me sens pas dans mon assiette,
Je vais rendre l'âme,
Quand je pense à mes paupiettes,
À mon croque-madame.
Ça fait trop longtemps qu'ça dure,
Je m'allonge un peu
Sur le tapis de verdure
Et je ferme les yeux.
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La série termine son voyage initiatique avec Les malheurs du lion...
Au café, rêvait un lion. Devant sa consommation. Il voit venir une abeille vêtue d'un tailleur que raye le noir avec le soleil, une petite merveille. Elle grésille, elle bourdonne avec l'accent de Narbonne. Et gentiment elle butine un diabolo grenadine.
Allez, bourdonnez en chœur. C'est triste et poétique à la fois. C'est brouillon et mélodieux. Mais cela met bien en évidence la qualité quasi magique de la plume de l'artiste. Je ne connaissais pas bien Thomas Fersen, ou de loin. Depuis la découverte de ces petites galettes, j'ai poussé la porte de la curiosité pour pénétrer dans son monde joliment singulier. Je n'ai plus souhaité en sortir !
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D'ailleurs, son dernier album Trois petits tours est une invitation féérique et un cri d'amour... un peu désespéré et tristounet, mais pas déprimant. Je vous le conseille, et j'aime les petits mots de son éditeur qui le présente ainsi :
On cherche toujours un responsable de la naissance de la nouvelle nouvelle nouvelle, etc, chanson française. Nul doute que Thomas Fersen, dès son premier bal (un Bal des oiseaux) y a été pour quelque chose. Il ne tient peut-être pas à endosser la paternité et de la vieille dame, et de ses jeunes collègues ; disons plutôt, alors, qu’il a renouvelé l’art mineur, y a glissé des folies, des fables, des noirceurs, des bêtes pas bêtes, des hommes bizarres, des femmes fatalement fatales, et des ukulélés. Lui a une préférence pour le ukulélé soprano, qu’il juge teigneux. N’en concluons pas hâtivement que Fersen l’est également. Surprenant, en revanche, il ne cesse de l’être.
Dugenou, de Thomas Fersen & Elisabeth Eudes-Pascal
Croque, de Thomas Fersen & Manon Gauthier
Les malheurs du lion, de Thomas Fersen & Bruce Roberts
Editions Les 400 Coups - 7,50€