Explosion de la bulle verte

Publié le 10 décembre 2008 par Energie2007

L'engouement boursier (et industriel pour le secteur des énergies renouvelables touche-t-il à sa fin? L'approche de Jean-Philippe Desmartins, analyste et responsable de la recherche investissement socialement responsable (ISR) chez Oddo securities.

L'engouement boursier (et industriel *) pour le secteur des énergies renouvelables touche-t-il à sa fin? Ces trois derniers mois sont significatifs: "on est clairement en train d'assister à l'explosion d'une bulle", indique Jean-Philippe Desmartins, analyste et responsable de la recherche investissement socialement responsable (ISR) chez Oddo securities. Depuis juillet, les valeurs du solaire ont perdu 60%, celles de l'éolien 56%, tandis que le secteur de la biomasse résistait un peu mieux, perdant seulement 10%. Mais l'investissement "vert" reste encore largement profitable, à horizon moyen terme, puisque, entre 2005 et aujourd'hui, "ces valeurs surperforment l'indice Stoxx 600", à l'exemple du solaire qui s'affiche 75% plus haut que l'indice de référence européen**.


L'éclatement de cette "bulle verte" résulte de deux facteurs, estime Jean-Philippe Desmartins, qui intervenait lors d'une conférence à Sciences-Po Paris: "C'est étroitement corrélé au prix du pétrole. La réalité pour l'investisseur c'est le driver qu'est le prix du baril. Pour que les valeurs vertes progressent, il faut souhaiter un baril cher***..." Autre facteur, à un degré moindre, le cadre réglementaire et les incitations financières. A ce titre, on notera que le secteur de l'éolien est aujourd'hui soumis à des oppositions locales plus ou moins structurées, dont l'impact politique est réel. Ainsi, en France, la publication du tarif de rachat se fait attendre. Ces incertitudes pèsent sur les valeurs concernées.



Perspectives

Pour le pétrole, il y a "deux seuils clés: au-dessus de 40 dollars, le secteur à jouer est celui de l'efficacité énergétique. A partir de 80 dollars, on peut investir dans toutes les énergies renouvelables". Les perspectives pour l'année 2009 ne semblent guère enthousiasmantes: "on est très prudents. On voit déjà poindre des problèmes de financement (Theolia en a annoncés il y a peu), on n'exclut pas des faillites". Mais les années 2010-2011 devraient voir s'amorcer un retournement de tendance, avec la reprise économique, les incitations fiscales ("elles perdureront"), une régulation accrue, notamment avec "une visibilité CO2. On est peut-être plus optimistes que d'autres mais on prévoit une régulation mondiale du CO2 autour de 2012". Et l'analyste d'énoncer les valeurs favorites d'Oddo securities: Gamesa, Solarworld, Vestas... "On surpondère le solaire et la biomasse, notre enthousiasme est plus modéré pour les secteurs de l'éolien et de l'hydraulique".


1 Boursier et industriel car beaucoup de transactions se sont faites hors du périmètre boursier. La bulle verte, ce fut aussi, par exemple, le rachat de 50,1% la Compagnie du vent par Suez pour 331 millions d'euros, ou celui de la Société française d'éoliennes (SFE) par le groupe italien Cir (80% du capital pour près de 198 millions), fin 2007.
2 Le Dow Jones Stoxx 600 est constitué des 600 premières capitalisations boursières du marché européen.
3 Les pétroliers s'attendent à deux ans de baril bas (c'est-à-dire en-dessous de 50 dollars).