Ségolène sur grand écran pendant le congrès de Reims (photo JCH)
Martine Aubry et Ségolène Royal ont l'expérience de la vie politique. Elles savent l'une et l'autre qu'il ne faut jamais être celle qui a rompu les discussions ou les négociations. Tout l'art est de faire porter le chapeau à celui qui vous contredit.
A Louviers, on a bien connu cela lors des négociations conduites par des représentants du PS et Franck Martin. Le maire sortant avait compris qu'il ne devait pas apparaître comme le diviseur, comme le fauteur d'unité ratée. Il en a fait des tonnes dans la surenchère sur le thème : «plus unitaire que moi tu meurs.» Il savait, au fond de lui-même que la section PS de Louviers n'accepterait jamais ses propositions sur le nombre de représentants à la CASE car c'est là-dessus que la confiance se bâtissait. A aucun moment, alors qu'il avait placé la barre très haut, il n'a accepté de lâcher du lest pensant que la section PS s'écraserait et avalerait une fois encore des couleuvres. Il se disait : pour des places et des indemnités, que ne feraient-ils pas ?
Foin des places, foin des indemnités. Les socialistes lovériens à la quasi unanimité ont refusé, une fois de plus, de se laisser marcher dessus. Ils ont décidé d'aller à la bataille électorale sur leurs convictions et sur leurs valeurs (dans l'union de la gauche) quel que soit le résultat des élections. La liste «pour Louviers gagnons ensemble» a obtenu 20 % des suffrages quand le maire sortant lui en donnait 5 % au grand maximum ! Autrement dit, le maire s'est mis le doigt dans l'œil.
La partie de poker-menteur engagée par Ségolène Royal et ses amis vise tout simplement à faire apparaître Martine Aubry aux yeux de l'opinion publique comme sectaire, autoritaire, incapable de faire des concessions. En réalité, Ségolène Royal ne souhaite pas partager le pouvoir puisque la ligne politique majoritaire (70 % contre 30 % lors du vote des motions) ne reprend pas ses deux demandes essentielles (accord avec le MODEM, cotisations des adhérents à une somme symbolique). Il est dans son intérêt médiatique de passer une nouvelle fois pour la victime du vieux parti contre l'avenir et le renouvellement comme lorsque Donald Rumsfeld (1) évoquait la vieille Europe qui ne voulait pas faire la guerre en Irak. Cette vieille Europe avait raison. Martine Aubry a elle aussi raison de ne pas lâcher prise. Vieille n'a jamais voulu dire idiote. Surtout à 57 ans, l'âge de la plénitude.
(1) Donald Rumsfeld, ancien secrétaire d'Etat (ministre des affaires étrangères) de Georges Bush. Il poussa ce dernier à se lancer dans la seconde guerre d'Irak. Avec le résultat que l'on sait.