On pense ce qu'on veut de Virginie Despentes (moi je n'en pense rien), mais on ne peut pas dire que les deux premiers films adaptés de ses bouquins (Baise-moi et Les jolies choses) soient très réussis. Sans doute parce que ce style si rageur, cette colère non rentrée, constructive mais agressive, sied mieux à une introspection littéraire qu'à un grand spectacle filmique. Si elle ne ravira sans doute pas les amateurs de la romancière, l'adaptation de Teen spirit par Olivier De Plas est tout de même plus regardable que les précédentes.
Il faut bien sûr se rompre qu fait que, à l'image de son titre, Tel père, telle fille a soigneusement édulcoré le côté trash qui fait le style de Despentes. Une fois ceci accepté, le film d'Olivier De Plas est une comédie rock'n'roll pour le moins sympathique, bourrée de situations amusantes et de personnages allumés. Le trait n'est pas des plus fins : Vincent Elbaz est un déchet avec les yeux à la retourne et un débit de parole d'une lenteur sans nom, Élodie Bouchez (plus belle de film en film) est une journalo-bobo trop gentille, Frédérique Bel une nunuche complètement naïve... Dans Telle père, telle fille, l'identité relève de l'archétype, mais cela permet de se concentrer de façon optimale sur l'aspect comique du film. Celui-ci n'est pas vraiment tout neuf : au contact du père qu'elle vient de se découvrir, la jeune Nancy va multiplier les conneries. Mais le traitement de De Plas est relativement efficace à défaut d'être éblouissant. Finalement, et toutes proportions gardées (ne mélangeons pas les torchons et les grands films), Tel père, telle fille fait penser à une version mineure et franchouille de High fidelity, avec des qualités bien plus réduites et un sérieux manque d'âme et de matière qui n'a sans doute pas dû convaincre Virginie Despentes.
6/10